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On ne pouvait pas le rater. Sauvons l'apostrophe !

La suppression en Gande-Bretagne de l'apostrophe fait réagir Olivia Leray.

Article rédigé par franceinfo - Olivia Leray
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Plusieurs traductions français-anglais. (CAPTURE D'ECRAN GOOGLE / STEPHANIE BERLU / RADIO FRANCE)

C'est la fin d'une époque en Grande-Bretagne. Mardi 3 décembre, je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître selon certains. Celui où chaque chose était à sa place. Ce matin la modernité a fait une victime. Ce matin, une page se tourne. Après 20 ans de combat, et comme l'émission de Bernard Pivot en 1990, la société britannique pour la protection de l'apostrophe va fermer boutique. Cessation d'activité. Rideau.


Oui, il existait bien une brigade de défense de l'apostrophe de l'autre côté de la Manche. Leur mission : défendre ce signe de ponctuation parfois supprimé, souvent rajouté, tout le temps maltraité. En anglais, l'apostrophe traduit le possessif, on le sait, on l'a tous appris à l'école, on a tous galéré en cours avec "le chat de Johnny" : "Johnny'S cat." À Cambridge ça fait bien longtemps qu'on ne s'embête plus avec ça. L'apostrophe disparaît du nom des rues. "King’s road", (la route du roi), est devenu "Kings road" (la route des rois). Et ça change tout.


Trop c'est trop donc, la société de défense de l'apostrophe baisse les bras.
Ils sont, disent-ils, victimes de la paresse et de l'ignorance. Victimes également, disent-ils toujours, de notre capacité à se débarrasser de tout ce qui peut être un tant soit peu compliqué. Sur ce point-là, je suis d'accord. Nous non plus on ne s'embête plus avec ça. Davantage ne s'écrit plus avec une apostrophe par exemple. Mais l'apostrophe perdure, et pour le prouver je me fais porte-parole de l'opération sauvetage de l'apostrophe. Alors bien sûr, dans le parler populaire en France, on en abuse, comme depuis le début de cette chronique, et souvent quand on s'insulte :  "t’es nul", ou "pauv'crétin" rage l'académie française, mais au moins nous, on "l'garde" cet apostrophe, on la fait perdurer. On la sauve. On la transporte à travers le temps. Sauvons l'apostrophe à notre manière, comme bon nous semble, parce que c'est beau une apostrophe, c'est aérien, on s'étire, avec une apostrophe, on s'écrit, on s'embrasse, on s'élève avec une apostrophe, on "s'casse", on "s'allume", on "s'éveille", on "s'angoisse", c'est beau une apostrophe.


Parce que désormais, certains écrivent peut-être "y'aura-t-il" avec une apostrophe, mais on écrit jamais "je t'aime" sans.

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