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On ne pouvait pas le rater. Le jour où deux navires quittent la Martinique avant de se faire attaquer par le pirate Barbe Noire

Chaque jour de la semaine, Franck Cognard s'intéresse à une date qui aura marqué la vie de tous les jours. Parce qu'il est question de Bahamas, de méritocratie, et de piraterie, on ne pouvait pas rater le 20 août 1718.

Article rédigé par franceinfo - Franck Cognard
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Gravure représentant Barbe Noire lors d'un abordage. (API / GAMMA-RAPHO via GETTYIMAGES)

Le 20 août 1718, c'est le jour où appareillent de Martinique deux navires marchands français, la Rose Emilie et la Toison d'Or. L'un est juste lesté, l'autre ramène à Nantes des tonneaux de fèves de cacao et des sacs de sucre raffiné. Ces deux vaisseaux vont être, quelques jours plus tard, capturés. Les deux navires sont le dernier butin de celui qui est, sans doute, le plus célèbre des pirates, avec sa barbe fournie où il glisse des mèches lentes allumées destinées à terrifier l'ennemi. Barbe Noire mourra quatre mois plus tard mais cette capture est aussi l'un des derniers soubresauts de la République des pirates.

Buvez une gorgée de rhum, fermez les yeux, et pensez aux Bahamas. En 1718, cela fait 12 ans que Nassau est gouvernée par les flibustiers. "Nassau, la cambuse de l'enfer"  pour reprendre les mots de l'écrivain Jean-Marie Quemener. Dans le premier tome d'une trilogie épique, La République des Pirates, chez Plon, voilà comment un de ses personnages décrit ce gouvernement particulier :  "Nous vivons en ces terres comme si nous étions en mer, régis par ces mêmes règles que les pirates s'appliquent à eux-mêmes. Ne vous méprenez pas : ces lois sont infiniment plus humaines que celles d'un maître d'esclaves, et plus juste que celles des royaumes anglais ou français. Un homme vaut un homme, ici, et l'équipage décide ou discute de tout."

Les pirates étaient méritocrates

Suffrage universel avec tête de squelette et fémurs entrecroisés, c'était ça, le drapeau sous lequel se battaient anciens esclaves, marins ou prisonniers, à chacun son expérience, ses compétences, les pirates étaient méritocrates, et il y avait de l'ascenseur social dans les haubans. Londres goûtait peu cette démocratie belliqueuse, voleuse et frondeuse. En 1718 vint la proposition, carotte ou bâton. Certain pirates ont accepté, en renonçant à la piraterie, un royal pardon. Les autres choisirent la traque et la mort, préférant une vie courte, sanglante, mais libre et joyeuse.

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