X (ex-Twitter) : la situation au Proche-Orient signe la fin de la tolérance européenne

Non, le réseau social ex-Twitter, rebaptisé X, ne menace pas de quitter l’Europe. Elon Musk, son propriétaire, a été obligé, jeudi 19 octobre, de démentir la rumeur. Coup de bluff ou menace réelle ?
Article rédigé par Benjamin Vincent
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Elon Musk, le patron de X (ex-Twitter) dément la rumeur d'un retrait envisagé en Europe. (ALAIN JOCARD / AFP)

Coup de bluff ou coup de sang ? Telle est la question, en fait, parce que la nouvelle législation européenne sur le numérique – le Digital Services Act – entrée en vigueur le 25 août, est comme une épine dans le pied d’Elon Musk.

Ses rencontres courtoises avec Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur, ne l’ont pas empêché de recevoir une lettre, en forme de rappel à l’ordre, sur les obligations de X (ex-Twitter) en matière de lutte contre la désinformation ; lettre datée du 10 octobre, soit trois jours après les attentats du Hamas en Israël, alors qu’une multitude de contenus signalés n’avaient toujours pas été retirés par la plateforme.

Un courrier d’avertissement même, puisque Thierry Breton donnait alors 24 heures à Elon Musk pour réagir, en lui rappelant que l’éventuelle ouverture d’une enquête, pour non-respect de ses obligations, pouvait déboucher sur des pénalités. Et elles sont plutôt dissuasives : jusqu’à 6% du chiffre d’affaires.

Des revenus pour l’ex-Twitter qui s’annoncent en forte baisse : à peine 3 milliards de dollars, c’était l’estimation d’Elon Musk cet été, pour 2023, contre plus de 5 milliards, il y a 2 ans. Il faut dire que X ne va pas bien, avec une image de marque dégradée, des annonceurs qui ont déserté, et qui sont loin d’être tous revenus. Ces 6% maximum de pénalités équivaudraient à 180 millions de dollars.

Cette perspective pourrait suffire à expliquer des propos potentiellement tenus à l’écart des micros, mais rapportés par une source jugée digne de foi, par le média en ligne américain Business Insider. Média qui n’est pas "un vrai journal", a commenté Elon Musk, en démentant cette rumeur d’un retrait envisagé en Europe.

Et pourtant, Elon Musk essaie de lutter contre une partie du problème : les bots, ces comptes alimentés par des robots, qui inondent le réseau X de faux tweets. Selon lui, la seule manière, c’est d’obliger tout nouveau compte actif à devenir payant, et à associer une carte bancaire avec un forfait symbolique : 1 dollar, soit l’équivalent d’1 euro par an.

Le test vient de commencer dans deux premiers pays, la Nouvelle-Zélande et les Philippines. À terme, l’ex-Twitter pourrait donc devenir payant dans le monde entier. Un changement majeur de modèle économique qui risque de rebuter, un peu plus, des utilisateurs déjà hésitants à rester.

Ce qui ne réglera absolument pas l’autre question : la volonté réelle d’Elon Musk, et les moyens qu’il met pour que la modération sur l’ex-Twitter soit à la hauteur des enjeux du moment.

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