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Twitter s'engage à supprimer les photos publiées sans consentement

Twitter a créé la surprise, mardi 30 novembre, en s’engageant – désormais  à supprimer les photos publiées sans l’accord des personnes qui y figurent. Une initiative pour lutter contre le cyberharcèlement qui laisse plusieurs questions en suspens.

Article rédigé par franceinfo - Benjamin Vincent
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un téléphone affiche un compte Twitter devant un écran d'ordinateur qui est lui aussi connecté au réseau social, le 26 octobre 2020 à Toulouse (Haute-Garonne). (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Imaginez le volume : 6.000 tweets sont publiés, en moyenne, chaque seconde à l’échelle mondiale soit 500 millions de messages par jour. Cette possibilité de signaler une photo utilisée, sans le consentement de celle ou de celui qui apparaît à l’image, annoncée mardi 30 novembre par Twitter sur son blog, est donc une révolution en puissance.

Une annonce avec effet immédiat : toute photo ou vidéo privée, signalée à Twitter, par celle ou celui qui figure dessus, sera supprimée si elle a été publiée sans son consentement. Voilà le principe sur le papier, mais plus concrètement, plusieurs questions se posent, entre autres sur les moyens mis en oeuvre pour réussir à traiter le volume des demandes sans délai : une suppression, d’accord, mais combien de temps après le signalement d’une photo ?

On sait qu’à la seconde où une image est publiée, il est presque déjà trop tard pour espérer la faire disparaître totalement d’Internet. Il faudrait donc que la disparition de la photo ou de la vidéo concernée soit immédiate, mais on sait qu’une équipe dédiée devra se prononcer sur chaque demande de suppression, ce qui prendra du temps, inévitablement.

Twitter a-t-il engagé une armée pour traiter les signalements ? Qui va les gérer ? Et comment Twitter va-t-il vérifier que l’auteur de la demande est bien la personne représentée sur l’image, puisque c’est l’une des conditions pour que la demande de suppression soit examinée ?

Lutter contre le cyberharcèlement

Twitter France que franceinfo a contacté, a botté en touche. Non seulement le sujet est sensible, mais il est également piloté directement depuis le QG mondial de Twitter, à San Francisco. Et puis, à leur décharge, nous pensons peu probable que les responsables du réseau social en France aient, à ce stade, toutes les réponses sur cette annonce tombée mardi.

L’objectif de Twitter est néanmoins clairement affiché : il s’agit de lutter contre le cyberharcèlement et notamment, contre une pratique qui prend de l’ampleur, sur Twitter et sur Facebook : la divulgation de données personnelles pour nuire à quelqu’un – on parle de "doxing" en anglais. Les vigies de Twitter étaient déjà en alerte pour retirer toutes les publications qui comportent une adresse ou un n° de téléphone, sans l’accord de leur titulaire.

En ajoutant les images au sens large, le réseau social veut contribuer à réduire les cas de harcèlement et d’intimidation qui touchent, de manière disproportionnée – dit Twitter – "les femmes, les activistes, les dissidents et les minorités". Accompagné d’une vidéo, un tweet est 6 à 10 fois plus partagé ; +35% dans le cas d’un tweet avec une photo : c’est dire la force et la viralité, malheureusement, de ces messages pour nuire.

Premier gage de Parag Agrawal dès son arrivée

Cette annonce de Twitter survient à un moment particulier de la vie de l’entreprise et de l’histoire de Twitter. Lundi, Jack Dorsey, le co-fondateur emblématique de Twitter démissionnait, poussé vers la sortie par le conseil d’administration, remplacé immédiatement par son chef de la technologie, Parag Agrawal.

Le lendemain, Twitter annonçait cette décision autour des photos et vidéos. Alors, hasard du calendrier ou première décision du nouveau CEO ? Seule certitude : l’intelligence artificielle qui sera certainement mise à contribution, est l’une des spécialités de Parag Agrawal. À une semaine près, il a le même âge – 37 ans – que Mark Zuckerberg, le fondateur et patron de Facebook.

Le nouveau DG de Twitter s’attend – lui aussi  à être auditionné très prochainement à Washington. Il donne ainsi un premier gage, dès son arrivée, sur sa volonté de mieux respecter la vie privée des utilisateurs.

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