Nouveau monde. Le vrai visage de la haine en ligne
La haine sur internet est un phénomène qui se mesure. Une étude réalisée pour le compte du gouvernement révèle le visage de la haine en ligne.
La société Netino by Webhelp, spécialisée dans la modération de contenus, a analysé des milliers de commentaires sur les pages Facebook de grands médias français afin de produire ce rapport intitulé Panorama de la haine en ligne, remis au secrétaire d'État chargé du numérique. Et le résultat est édifiant. C’est une pluie d’insultes ordinaires qui s’abat quotidiennement sur ces espaces de dialogues. 1 message sur 10 est un message de haine.
Les principaux motifs d'attaques
En tête : les contenus qualifiés "d’agressivité générique" (45,2%), c'est-à-dire sans cible particulière. Viennent ensuite les insultes contre les personnalités publiques, la classe politique et les médias (31,8%). Puis, les messages relatifs à l’origine ethnique et la couleur de peau (6.5%), la haine liée au statut social (les pauvres ou les étudiants) (5,5%) et l'appartenance religieuse (3,5%). Enfin, les attaques sexistes (1,6%) ou liées à l'orientation sexuelle (1,2%).
Pourquoi tant de haine ?
L’objectif de cette étude est précisément d’essayer de comprendre le phénomène. Celui-ci s’explique notamment par l’anonymat qui encourage le laisser-aller. Il y a ensuite un manque de pratique de l’outil. Beaucoup d’internautes ne réalisent pas qu’ils s’expriment dans un espace public. En plus, ils ne font pas la différence entre l’oral et l’écrit. "Beaucoup ne se rendent pas compte de la violence de leurs propos et regrettent", explique le PDG de Netino, Jérémie Mani à franceinfo.
Les moyens de lutte contre la haine sur les réseaux
L’Allemagne a mis en place une loi contre la haine sur internet. Les réseaux sociaux doivent effacer les propos incitant à la haine dans un délai très court sous peine de se voir infliger une amende très lourde, jusqu’à 50 millions d’euros. Mais cette loi est toute récente, elle date de janvier 2018, et on manque encore de recul quant à son efficacité.
La France, pour sa part, a annoncé en mars un plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme sur les réseaux sociaux. Celui-ci reprend, en réalité, plusieurs dispositions déjà en œuvre sur les plateformes numériques, comme l’obligation de permettre un signalement des contenus. Il est possible – et même recommandé – de signaler tout messages d’incitation à la haine sur la plateforme gouvernementale (www.internet-signalement.gouv.fr).
Suite à cette étude, une mission gouvernementale doit rendre des recommandations en juillet prochain. Il est question notamment de renforcer les sanctions en cas de harcèlement en groupe.
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