Nouveau monde. "Il faut sortir du débat entre enthousiastes de la révolution numérique et ceux qui prédisent un cauchemar"
L'entrepreneur Denis Jacquet tente de mobiliser les énergies autour de l'impact sociétal des technologies.
L’entrepreneur Denis Jacquet, auteur de plusieurs livres sur l’évolution du travail (Ubérisation, un ennemi qui vous veut du bien ?, Pourquoi votre prochain patron sera chinois), organise l’événement Day One, un "Davos du numérique".
franceinfo : Pourquoi voulez-vous lancer un "Davos du numérique" ?
Denis Jacquet : je pense que les outils numériques en eux-mêmes sont stupides et qu'il faut apporter une vision sur la société à construire. L’idée est de s’interroger à propos de l’impact des technologies sur le travail, la santé et les territoires.
Comment faire face à la robotisation qui, selon l’OCDE, pourrait faire disparaître 14% des métiers ?
Il y a un débat un peu désespérant entre, d’un côté, ceux qui disent que tout va bien se passer et, de l’autre, ceux qui pensent que cela va être un cauchemar car nous allons tous devenir des robots ou des êtres augmentés. Cela traduit en réalité une grande détresse. Nous proposons aux innovateurs, ONG, grands groupes, scientifiques et intellectuels, d’essayer de prendre ensemble des décisions qui pourront ensuite être appliquées dans nos entreprises afin d’accompagner cette transformation.
L’Europe n'est-elle pas coincée entre le modèle chinois et le modèle californien ?
En Chine, le collectif l’emporte sur l’individuel. En Californie, où il y a au contraire une vision plus libérale, voire libertarienne, on a tendance à innover sans réfléchir en espérant créer suffisamment de valeur pour régler tous les problèmes. En réalité, dans ces deux approches, l’individu est perdant.
Mais comment faire pour remettre l’individu au centre de la révolution numérique ?
Aujourd’hui, il faut se demander, par exemple, ce que vont devenir les milliers de chauffeurs routiers qui risquent d’être remplacés par des camions autonomes (qui arriveront bien avant les voiture autonomes).
Dans le médical, il faut s’interroger pour savoir si la robotisation doit signifier moins d’infirmières dans les hôpitaux ou plus de temps pour les patients ? C’est là où la vision est importante. Faut-il choisir l’emploi et redéfinir le rôle du travail à l’heure des technologies, ou bien partir du principe que la modernisation est juste un outil de production et que l’on verra après ? Il me semble dangereux d’attendre de voir ce qui se passera.
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