Nouveau monde. Google accusé de piller des contenus et d’être trop puissant
Google est accusé par un site de paroles de chansons d’avoir abusivement reproduit des contenus. Derrière cette affaire, se pose la question de la toute-puissance du moteur de recherche qui, aujourd’hui, ne contraint même plus à se rendre sur des sites pour accéder aux informations que l’on cherche.
Le site américain de paroles de chansons Genius accuse Google d’avoir copié-collé un peu vite du contenu lui appartenant. Comment s’en est-il aperçu ? Genius avait caché dans ses textes des signes typographiques, en l’occurrence des apostrophes d’un genre particulier, qui lui aurait permis de les retrouver en résultats directs sur les pages de réponses du moteur de recherche. Google pris la main dans le sac ? Le groupe laisse entendre que la faute pourrait provenir de prestataires extérieurs. En outre, il sera probablement difficile pour Genius de revendiquer la paternité de textes qui, en réalité, ne lui appartiennent pas vraiment puisqu’il s’agit de chansons écrites par des artistes.
Pas un cas isolé
Cette affaire ne serait pas un cas isolé. Des contenus provenant de Yelp, TripAdvisor ou Amazon auraient déjà été reproduits par Google sans autorisation. Qu’il s’agisse de récupération de contenu abusive ou pas, cela pose la question de la captation d’informations par Google et du détournement de trafic à son profit. De plus de plus d’informations sont en effet disponibles directement sur les pages de résultats sans que l’on n’ait besoin d’aller sur les sites. Cela pose un problème économique pour des sites de contenus qui vivent souvent de la publicité. Certes, ces dernier peuvent passer des partenariats avec Google mais les revenus financiers ne seraient pas forcément très avantageux. C’est ce que révèle une récente étude concernant la presse en ligne américaine (étude cependant sujette à caution en raison de probables inexactitudes du point de vue des chiffres). D’autres, comme certains acteurs français de e-commerce, choisissent de porter le fer sur le plan judiciaire. Au risque de se retrouver un peu dans la situation de David contre Goliath.
Un "moteur de réponses"
La réalité, c’est que Google est devenu, plus qu’un moteur de recherche, un véritable "moteur de réponses". La moindre requête permet d’afficher immédiatement des paroles de chansons mais aussi des recettes de cuisine, des billets d'avion, des horaires de cinéma, des recommandations de shopping, etc. Le géant américain a même développé des technologies spécifiques pour cela appelées snippets, qui extraient le contenu des sites. Ce phénomène est confirmé par une étude qui montre qu’environ un internaute sur deux (48,96%) ne clique sur aucun lien après avoir fait une recherche mais se contente des résultats affichés (même si sont aussi inclus les utilisateurs qui ne sont pas satisfaits des réponses). Un tel phénomène est encore renforcé aujourd’hui avec les assistants vocaux. Si vous demandez à Alexa ou Google Home "quelle est la hauteur de la Tour Eiffel", les assistants sont capables de répondre directement "320 mètres" après avoir récupéré la réponse sur le Net, via Google ou un autre moteur. Jadis, ce genre de requête, purement textuelle, débouchait uniquement sur l’affichage d’une liste de sites parlant de la Tour Eiffel. Bref, Google "aspire" de plus en plus le Web.
Des médias mécontents
Pour les utilisateurs, cet outil à tout faire, qui a réponse à tout, est indéniablement d’un grand confort. Plus besoin de sortir de Google puisqu’on y trouve absolument tout ce que l’on veut. En revanche, pour les entreprises qui fournissent les contenus, ce n’est pas sans poser problème. Celles-ci profitent de la visibilité offerte par le moteur de recherche mais sans forcément en avoir les bénéfices. Google est accusé de capter la valeur issue de contenus produits par d’autres. Ce problème concerne notamment les médias. Aux Etats-Unis, des sites d’information partent régulièrement en guerre contre Google. En Europe, la présidente de Radio France, Sibyle Veil, a pris position récemment sur cette question en reconnaissant l’importance des GAFA mais en affirmant sa volonté de faire en sorte que des contenus, quels qu’ils soient, ne soient pas exploités abusivement sans contrepartie.
La question de la toute-puissance de Google n’est pas un thème neuf. Aux Etats-Unis, la justice étudie actuellement l’opportunité des poursuites pour abus de position dominante. La Commission européenne est également, on le sait, très vigilante.
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