Nouveau monde. Comment l’économie de l’attention vole notre temps de cerveau disponible
Les réseaux sociaux nous rendent accros ! Et ceux qui y travaillent sont les premiers à vouloir décrocher.
Ce n’est pas un hasard si les réseaux sociaux nous rendent accros ! Tout est fait pour cela. Mais, aujourd'hui, parmi ceux qui y travaillent, certains se rebellent.
Attention, cette chronique va vous coller un coup au moral. Selon le quotidien anglais The Guardian, des professionnels des réseaux sociaux se rebellent contre l’addiction au numérique. Exemple : Justin Rosenstein, ancien ingénieur chez Google et Facebook, co-inventeur du fameux "like" de Facebook. Il n’en peut plus, il ne parle que de détox numérique. Il a même cessé d’utiliser certains réseaux sociaux et il a fait installer un contrôle parental sur son smartphone pour éviter d’être tenté. Bien qu’il ait contribué à la création de ces outils addictifs, il dénonce aujourd’hui leurs effets pervers. Il n’est pas le seul. On se souvient de Steve Jobs qui ne voulait pas que ses enfants utilisent l’iPad. Le Guardian les appelle "Les hérétiques de la Silicon Valley".
Pourquoi sommes-nous accros ?
Parce que tout est fait pour nous rendre accro ! Les hérétiques dénoncent, par exemple, les streaks sur le réseau social Snapchat. Les snapstreaks sont des indicateurs du nombre de snaps que l’on échange avec ses amis. Donc, forcément plus l’indicateur est élevé et mieux c’est. Cet outil a été mis au point spécialement pour développer l’addiction chez les adolescents. Selon Le Monde, dans certains collèges, c’est même devenu un indicateur d’intégration sociale. Sur Facebook, au début, les notifications (de demandes d’amis) étaient en bleu mais personne ne les utilisait. Alors, elles sont passés en rouge et maintenant tout le monde clique dessus. Ne parlons pas des notifications en tout genre qui nous volent de plus en plus de temps au quotidien. C’est le thème développé par Guy Birenbaum dans son livre "Dompter mon smartphone".
Tout cela serait donc soigneusement pensé et réfléchi ?
Oui, cela porte même un nom : l’économie de l’attention. Des équipes réfléchissent en permanence à la meilleure manière de capter notre attention, qui est devenue un bien est rare et précieux. C’est ce qu’un ancien PDG de TF1 appelait le "Temps de cerveau disponible". Un autre professionnel de la Silicon Valley, Tristan Harris, s’indigne car selon lui : "Une poignée de personnes dans une poignée d’entreprises oriente la manière de penser d’un à deux milliards de personnes". On n’est pas loin de la théorie du complot mais il faut quand même relativiser. Ces gens-là font seulement leur boulot qui consiste à attirer des utilisateurs et à les retenir. Est-ce que l’on reprocherait à un pâtissier de faire de bons gâteaux sous prétexte qu’il ne faut pas en manger trop ? Oubliez donc les pouces bleus et désactivez quelques notifications sur votre smartphone et alors, vous verrez, tout ira beaucoup mieux. Résistons à l’économie de l’attention !
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