La neutralité du Net, kesako ?
Tarte à la crème, combat idéologique, bataille économique à
l'échelle mondiale. La neutralité d'Internet, c'est tout cela à la fois.
A l'origine, il s'agit d'un concept inventé en 2003 par un
universitaire américain selon lequel Internet doit rester une zone neutre sans
que l'on fasse de distinction entre les contenus qui y circulent. Mais avec le
temps et l'avènement de géants du Web qui accaparent une bonne partie des
ressources tout a changé. La neutralité du Net a du plomb dans l'aile.
Savez-vous, par exemple, que si vous n'arrivez pas à
regarder une vidéo YouTube parce qu'elle est saccadée à certaines heures de la
journée, c'est une conséquence du principe de neutralité du Net ? Si
demain le montant de votre abonnement est indexé sur les services que vous
utilisez, ce sera à cause de la non-neutralité du Net ?
La neutralité du Net, c'est une histoire de tuyau et de gros
sous.
Comparons cela avec le trafic routier. Le
principe c'est que les routes appartiennent à tout le monde et que tout le
monde a le droit de rouler dessus. Mais que se passe-t-il si des centaines de
camions appartenant à une poignée d'entreprises (Google, Netflix, Verizon)
envahissent les routes et se mettent à provoquer des bouchons ? Faut-il
faire payer tout le monde pour élargir les routes ou bien uniquement ces
entreprises ? Faut-il faire payer les clients de ces entreprises ? Du
coup, si on fait payer les gros, va-t-on leur donner plus de pouvoir que les
petits ?
Voilà le casse-tête de la neutralité du Net. Qui a
tort ? Qui a raison ? Ce n'est pas simple.
Les gardiens des principes fondateurs ne veulent pas de
remise en question de la neutralité du Net. Mais les opérateurs expliquent que
pour maintenir la qualité de service il faut faire payer plus cher les plus les
gros.
Récemment, une cour d'appel américaine a donné raison à
l'opérateur Verizon qui voulait facturer de manière spécifique certains
fournisseurs de contenus. Une véritable entorse à la neutralité du Net.
On craint donc l'avènement d'un Internet à deux vitesses.
Par exemple, en France, l'opérateur SFR vient de lancer un forfait dédié aux
vidéos YouTube en illimité, ce qui est également une entorse à la neutralité.
Dans le même temps, les géants du Web, comme Google,
n'hésitent pas à se retrancher derrière le principe de neutralité pour ne pas
payer plus cher afin de faire transiter leurs contenus.
La neutralité du Net est donc une question économique qui
porte en elle un enjeu démocratique, celui de l'accès à l'information.
On s'achemine peu à peu vers des entorses au principe
fondateur.
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