La carte à puce, cette invention qui a changé nos vies
Avec ses grosses lunettes sur sa bouille ronde, posant pour les photographes avec un fer à souder ou une carte à puce à la main, Roland Moreno était l'archétype du Géo Trouvetou à la française. Electronicien autodidacte, ancien garçon de course-reporter-employé de bureau, il bricole toutes sortes de gadgets bizarres comme, par exemple, une machine à tirer à pile ou face, une calculatrice qui se trompe dans les calculs et quelques années plus tard le « radoteur », un logiciel à inventer des mots. Il écrit en 1990 le livre "La théorie du bordel ambiant", un recueil de pensées philosophico-humoristiques, qui sera suivi en 2011 de "La victoire du bordel ambiant".
Une vraie invention française
Mais c'est la carte à puce qui fait sa fortune. Il en dépose le brevet en 1974. Et même si cette invention a lui a quelquefois été contestée, il en a toujours gardé officiellement la paternité. Cependant, si on l'avait écouté à l'époque, ce sont pas des cartes en plastiques qui nous servirait aujourd'hui à régler nos achats dans les magasins mais des bagues électroniques. C'est ainsi qu'il voyait l'utilisation de ce petit circuit électronique miniaturisé. Très vite, le concept s'étend à tous les dispositifs nécessitant un cryptage fort : carte Sesam Vitale, décodeurs télé, cartes SIM des téléphones portables, badges et autres cartes d'identité…
De la carte à puce à la carte sans contact
Moreno surfe sur la vague de la carte à puce pendant 20 ans à travers sa société Innovatron jusqu'à ce que le brevet tombe dans le domaine public en 1994. Ensuite, il profite du dérivé de la carte à puce, la carte sans contact, que l'on trouve notamment dans le pass Navigo utilisé dans les transports parisiens. Royalties prévues jusqu'en 2017.
Une sécurité à ce jour inviolée
L'histoire de la carte à puce est indissociable de l'épisode Serge Humpich. En 2000, cet informaticien français montre que l'on peut fabriquer de fausses carte bancaires qui fonctionnent partout, les fameuses "Yescards". Immédiatement, le Groupement des cartes bancaires panique et fait passer Humpich pour un malfaiteur. Moreno, quant à lui, affirme que la sécurité de base de la carte à puce est intacte. Il offre 1 million de francs à qui parviendra à craquer réellement l'algorithme. A ce jour, personne n'y est parvenu. La carte à puce est l'une des inventions qui ont le plus changé nos vies au point qu'on n'imagine mal aujourd'hui pouvoir vivre sans.
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