L'adresse IP, cette empreinte digitale numérique

Que ferait-on sans ce précieux code, composé de 4 séries
de chiffres (ex fictif : 143.512.12.106), qui identifie tout ordinateur ou smartphone connecté à Internet ? Dans de plus en plus d'affaires judiciaires, l'adresse IP (Internet Protocol) devient l'empreinte digitale numérique laissée par les uns et les autres. C'est
l'adresse IP qui avait permis de remonter la piste de Xavier Dupont de Ligonnès
il y a quelques mois (sans permettre son interpellation). Des dizaines d'adresses
IP font l'objet quotidiennement de réquisitions auprès des fournisseurs d'accès
pour des affaires moins graves de diffamation ou de piratage sur Internet.

576 adresses IP

En ce qui concerne Toulouse, le meurtrier avait contacté sa
première victime par le biais d'une petite annonce sur le LeBonCoin.fr. Comme la
loi l'y oblige, LeBonCoin conserve non seulement les adresses IP des
internautes qui postent des annonces mais également celles des simples
visiteurs. Ainsi, les enquêteurs ont mis la main sur pas moins de 576
"logs de connexion", comme on dit aussi. En comparant ces éléments avec
les identités fournies par les fournisseurs d'accès, ils seraient remontés
jusqu'à l'abonnement Internet de la mère de Mohamed Merah.

Selon l'avocat spécialisé Maitre Eolas, en classant immédiatement
l'affaire de Toulouse dans la case "terrorisme", les policiers ont pu
aller plus vite et réclamer les fameuses adresses IP sans autorisation d'un
juge sur la base de la loi de 2006.

Une adresse IP par objet connecté

Bien sûr, le meurtrier présumé aurait pu tenter d'utiliser
une fausse adresse IP en passant par un proxy, comme le font les pirates
informatiques pour ne pas se faire repérer. Il ne l'a pas fait, peut-être faute
de connaissances techniques ou parce qu'il pensait que le simple fait de consulter
une petite annonce ne permettrait pas de le démasquer.

Au-delà de cette affaire, on s'aperçoit de l'importance
prise par cette fameuse adresse IP. Dans le futur, ce sera pire. Ce ne seront pas
seulement les ordinateurs, les smartphones et les consoles de jeux qui auront une
adresse IP mais tous les objets, appareils audiovisuels et électroménagers et
même les meubles, jouets ou véhicules. Une sorte de maillage mondial à la sauce
Internet qui nécessite dès aujourd'hui de passer au protocole IP version 6 afin
d'accroître le nombre de ces fameuses adresses IP.