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Images générées par une I.A. : la question des droits et le risque de procès

Obtenir en quelques secondes, une image, à partir d’une phrase, un texte qui la décrit : c’est le principe des intelligences artificielles génératives d’images comme DALL-E, Midjourney ou Firefly. Les résultats sont spectaculaires, mais d’où vient l’inspiration de ces I.A.
Article rédigé par Benjamin Vincent
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le 30 octobre 2023 à Mulhouse, illustration du logo de Midjourney, un programme et un service d'intelligence artificielle générative d’images. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

C’est un procès – et potentiellement une action de groupe – dont on n’a pas fini d’entendre parler. Janvier 2023 : trois artistes portent plainte contre trois plateformes d’I.A. génératives d’images, parmi les plus connues : Midjourney, Stability AI et DevianArt. Leur tort, selon les trois femmes : alimenter leurs intelligences artificielles avec des milliards d’images, dont ces services n’ont pas les droits.

Elles demandent donc à la justice américaine de les empêcher de continuer à se servir impunément dans le réservoir d’œuvres protégées. On imagine les conséquences pour les utilisateurs de ces services, si la Cour de Californie leur donnait raison.

Impossible de savoir quelles images sont utilisées

Comment savoir quelles images ont servi concrètement pour qu’une intelligence artificielle en produise une autre ? J’ai posé la question à l’éditeur de Photoshop qui intègre désormais Firefly, l’I.A. générative d’images maison. Chez Adobe, on le dit clairement : il est impossible de savoir quelles images sont utilisées. D’où l’importance d’une I.A. responsable et respectueuse.

La banque française d’images Fotolia, devenue Adobe Stock depuis son acquisition en 2016, permet aujourd’hui à l’éditeur de Firefly de ne puiser que dans des images pour lesquelles les auteurs ont donné leur accord. Adobe s’engage même, depuis juin, à prendre en charge les frais d’un éventuel procès, à cause d’une image générée par Firefly :

"On est sûr de notre coup. On est sûr à un point tel qu’on peut dire : allez-y, utilisez, et s’il y a le moindre problème, on sera là. Ça, c’est fort, explique Sébastien Deguy, vice-président chargé de la 3D chez Adobe. Et puis moi, personnellement, ça me touche, j’apprécie, en tant que citoyen, en tant qu’humain. Je trouve ça hyper rassurant. Et j'ai vu le projet naître de l’intérieur, au sein de l’entreprise, et donc je peux vous dire que ça s’est fait naturellement."

L'intelligence artificielle, la question du droit des auteurs et les risques de procès. (Illustration) (SURASAK SUWANMAKE / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Certains éditeurs promettent de couvrir les frais d'avocat

Rassurer les clients qui ne veulent prendre aucun risque, c’est l’objectif. Et cette idée commence à faire tache d’huile. Microsoft qui a intégré son I.A. Copilot dans Office 365 et dans Windows, promet aussi désormais de couvrir les frais d’avocats en cas de procès.

Les litiges ne concernent néanmoins pas que les artistes : mi-janvier, à Londres, l’agence Getty Images a, elle aussi, porté plainte contre Stability AI, en affirmant que des millions de ses images ont été utilisées, au mépris du droit d’auteur. Comment peut-elle l’affirmer ? Parce que les visuels générés par l’I.A. commençaient à porter le logo de l’agence.

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