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Comment les liseuses numériques surveillent nos lectures

Le livre numérique vous espionne. Les plateformes de distribution d’« e-books » savent tout de vos goûts mais aussi de vos comportements de lecture.
Article rédigé par Jérôme Colombain
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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Savez-vous que près d'un tiers des personnes qui ont acheté le livre de Valérie Trierweiler en version numérique ne l'ont pas terminé ? Que 44% seulement des lecteurs du dernier ouvrage du prix Nobel de littérature Patrick Modiano sont allés au bout ? C’est ce que révèle une étude de la plateforme canadienne de vente de livres numériques Kobo. Comment savent-ils cela ? Tout simplement en analysant le comportement des lecteurs sur leurs tablettes et leurs liseuses.

Quelles sont les données collectées exactement ?

On peut connaître les livres vous achetez, le pourcentage que vous lisez, à quels moments dans la journée vous pratiquez la lecture et aussi quels ouvrages vous avez simplement consulté avant de faire un achat. En agrégeant toutes ces données, on peut même en extraire des tendances : par exemple, les fans de science-fiction et de romans policiers lisent plus vite que les amateurs de littérature.

Une collecte de données facilitée avec les tablettes, de type iPad, qui sont tout le temps connectées à Internet et aussi avec les nouveaux services de téléchargement illimité de livres comme celui que vient de lancer Amazon. Un vrai bonheur pour les amateurs du big data (données massives) ! Rassurez-vous, c’est la même chose avec la vidéo et la musique en streaming.

A quoi tout cela sert-il ?

 Officiellement, suivre le lecteur est indispensable pour synchroniser les ebooks entre les écrans. Par exemple : vous commencez un livre sur votre tablette et vous retrouvez sur votre smartphone la page à laquelle vous vous étiez arrêté.

Mais, au delà, c’est un formidable outil de profilage marketing… avec les dérives que l’on imagine. De la publicité ciblée jusqu’au livre idéal qui serait créé sur mesure pour plaire au plus grand nombre. Il y a aussi la crainte d’un flicage en bonne et due forme. Comme le souligne Nicolas Gary, du site Actualitte.com, « c’est comme dans le film Seven dans lequel un serial killer est retrouvé grâce aux livres qu’il a emprunté en bibliothèque  ».

Que faire face à cela?

Il faudrait d’abord que les choses soient plus transparentes et que l’on sache exactement quelles données sont collectées et pour faire quoi. Ensuite, pour être tranquille, vous pouvez toujours décider de ne lire que des fichiers au format PDF sans verrous numériques qui ne laissent pas de traces ou bien… des livres papiers.

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