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Ce que cache le coup d'éclat de Free

Coup de tonnerre dans le paysage Internet français avec la décision prise par Free la semaine dernière de bloquer la publicité de Google pour ses abonnés. La ministre du numérique, Fleur Pellerin, rencontre aujourd'hui les intéressés. Ce blocage pourrait être levé rapidement. N'empêche, c'est un vrai problème de fond qu'a soulevé l'opérateur trublion.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des internautes en ont rêvé, Free l'a fait ! En
coupant l'affichage des publicités sur les écrans des ordinateurs et des
tablettes pour ses 5 millions d'abonnés à l'occasion de la dernière mise à jour
de la Freebox, l'opérateur Free était certain de s'attirer dans un premier
temps la sympathie du public. La pub, personne n'aime ça. Sauf que si l'on aime
l'Internet gratuit il faut bien aimer un peu la pub et les annonceurs. Sauf
aussi que ce n'est certainement pas pour faire plaisir à ses ouailles que le remuant
Xavier Niel a pris cette décision spectaculaire.

Plusieurs manières de voir les choses

Du point de vue de l'internaute de base, on peut donc se
réjouir à condition de ne pas regarder plus loin que le bout de sa souris.

Du point de vue des innombrables sites Web qui vivent
grâce à la publicité c'est évidemment une catastrophe qui ne peut pas perdurer.

Du point de vue de Google, principal visé dans cette
affaire, ce serait un manque à gagner, selon l'AFP, de près d'1 million d'Euros
par jour.

Enfin, du point de vue de Free, de ce que l'on en sait, il
s'agit encore une fois de mettre les pieds dans le plat. En frappant Google là
où ça fait mal, c'est-à-dire au porte-monnaie, le trublion français ose faire
ce que d'autres ne déplorent pas forcément.

La question du financement des réseaux

Le fond du problème c'est le financement d'Internet. Les
opérateurs – par ailleurs accusés de ne pas payer suffisamment pour les
contenus mais ça c'est une autre histoire – en ont assez d'installer à leur
frais des tuyaux avec  lesquels d'autres gagnent
beaucoup d'argent sans mettre la main à la poche. " C'est un peu comme si on allait construire des autoroutes et que seules
des voitures californiennes devaient rouler dessus
 ", avait dit Stéphane
Richard, le PDG d'Orange.

Alors dans cette affaire, revoici brandie le grand
principe de la " neutralité du Net " qui voudrait que les opérateurs n'aient
surtout pas leur mot à dire sur les contenus qu'ils transportent*. Un principe bien
difficile à respecter cependant lorsque des vidéos de Youtube consomment toujours
plus de bande passante en rapportant toujours plus d'argent à Google qui paye
si peu d'impôts en France.

Bras de fer

Free est-il le petit Français qui ose ferrailler avec le
gros américain pour une meilleure répartition des richesses ou bien un méchant cow
boy qui se permet de bousculer les grands principes ?

On verra si le coup d'éclat de Xavier Niel a ouvert une
dangereuse " box de Pandore " ou si tout cela peut déboucher sur un Internet
nouveau dans l'hexagone où chacun parviendra à trouver son compte.

 * A noter qu'il s'agit d'un blocage des pubs activé par
défaut mais qu'il est possible de "désactiver la désactivation". Celle-ci
étant réalisée au niveau de la box et non pas des serveurs de Free, les experts
s'accordent à reconnaître qu'on ne peut pas vraiment parler d'atteinte à la
neutralité du Net.

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