Xavier Fontanet : "Moi président, je m’inspirerais des Allemands pour faire baisser le chômage"
Xavier Fontanet est professeur à HEC et ancien président d’Essilor International. En novembre dernier, il a publié "Que chacun s’y mette !".
S'il était élu président de la République, Xavier Fontanet, ancien PDG d'Essilor et professeur à HEC, s'inspirerait de ce qui fonctionne à l'étranger pour résorber le chômage. Pour le chômage, estime-t-il, "s’il y a un pays qui a très bien réussi, c’est l’Allemagne, notre voisin."
Pour Xavier Fontanet, le déclic a eu lieu il y a une dizaine d’année, sous l’influence de l'ancien chancelier Gerhard Schröder et du grand industriel Peter Hartz, directeur du personnel chez Volkswagen.
franceinfo : De quelles mesures peut-on s'inspirer ?
Xavier Fontanet : Schröder et Hartz ont d’abord considéré que le marché du travail était segmenté, c’est-à-dire qu’il y a vraiment une demande pour des gens qui veulent travailler à plein temps et une autre pour le temps partiel. Concernant le CDI, les Allemands ont tenu compte du fait que depuis une dizaine d’années, avec la concurrence mondiale, la demande est très variable. Ils ont donc changé le système et ont fait évoluer le CDI. Vous gardez un contrat de travail à long terme, mais il est à temps variable. L’entreprise vous garantit un plancher qui peut être de 28 ou 30 heures, elle vous demandera peut être l’année suivante de faire beaucoup plus, donc de flexibiliser votre situation.
En échange, vous bénéficiez des résultats de l’entreprise. Quand elle marche bien, vous avez des primes d’intéressements massives. Par exemple, chez Volkswagen, elle peut atteindre 12 à 13 000 euros par an pour les ouvriers non-qualifiés. Ce qui est colossal.
Les Allemands ont aussi agi sur le temps partiel.
C'est leur deuxième idée, très intéressante. Il y a des gens qui ne veulent pas travailler à plein temps et il y a aussi une demande de temps partiel. Pour contourner les difficultés que posait le CDI, ils ont ainsi inventé le contrat de temps partiel. En 2004, il s’agissait de 15 heures par semaine très mal payées puisque le salaire s’élevait à 400 euros par mois. Cela a été appelé "mini-job" par les Français, notamment les syndicats, qui n'en voulaient pas. Mais ce qu’ils n’ont pas vu, c’est que très vite le salaire est passé à 650 euros pour atteindre aujourd’hui 750 euros. Ce que l’on n’a pas dit non plus, c’est qu’il s’est créé neuf millions de ces emplois et que trois millions de personnes en ont deux. Cela a retiré trois millions de personnes du chômage.
Ce système est-il applicable à la France ?
Les français disent toujours "le système allemand n’est pas pour nous". Je pense pour ma part que nous pêchons par orgueil et par manque de confiance en nous. Nous devons nous inspirer de ce qui marche ailleurs et après tout c’est le "Grand Charles" [Charles De Gaulle] qui a inventé l’intéressement ! Cela vient de la France et si nous voulons continuer à construire l’Europe, je crois que nous avons intérêt à aligner les politiques.
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