Locataires etpropriétaires ont-ils les mêmes droits ? Est-on assuré lorsque l'on loueson appartement sur de courtes durées ? Et surtout la polémique qui enfledepuis un mois autour des locations saisonnières va-t-elle changer ladonne ? Bref, puis-je, oui ou non, louer mon propre logement quelquessemaines par an ? Retour sur ce que dit la loi, et sur ce qui pourraitchanger avec Maïlys Honoré, journaliste dans le Groupe de Particulier àParticulier . Avant tout,qu'est-ce-qu'une location saisonnière ?C'est la périodequi caractérise ce type de location : une durée maximale, et nonrenouvelable, de 90 jours consécutifs (loi 70-9 du 2 janvier 1970, art. 1-1),le temps d'une saison. Toutefois, dans les régions touristiques, la notion desaison est parfois portée à six mois. En pratique, le locataire s'engagehabituellement sans avoir visité le bien. Enfin, la location saisonnière n'estsoumise à aucune réglementation. C'est le contrat qui tient lieu de loi entreles parties. Seule obligation : le propriétaire doit remettre undescriptif précis des lieux au locataire, avant la signature de ce contrat(arrêté du 16 mai 1967).Peut-on, dansce cas, louer sa résidence principale quelques semaines par an ?Tout dépend desi vous êtes propriétaire ou locataire. Si vous êtes locataire, mettre à ladisposition, partiellement ou entièrement, votre logement à une personneextérieure au contrat contre le versement d'une contrepartie financières'appelle communément de la sous-location. Or, votre bail d'habitation, soumisà la loi du 6 juillet 1989, stipule que la sous-location n'est pas autorisée.Attention, en revanche, la location meublée ne dispose pas d'un cadre juridiqueaussi complet. Le bailleur doit expressément l'interdire dans le contrat delocation.Donc si jesuis locataire, je ne peux pas louer mon appartement une semaine pendant que jepars au ski ?Pas forcément.L'interdiction légale ou contractuelle de la sous-location, est assortie d'uneprécision : "sauf avec l'accord exprès et écrit dupropriétaire". Le locataire qui souhaite sous-louer doit doncimpérativement demander l'autorisation du propriétaire. Ce dernier peut donclibrement décider d'accorder ou pas l'autorisation à son locataire. S'il nesouhaite pas donner son consentement, il n'a pas à justifier son refus. Encas d'acceptation, le propriétaire va également donner son accord sur le prixdu loyer. Il indiquera, en particulier, que le loyer de la sous-location nepeut en aucun cas dépasser celui de la location, afin d'éviter toutespéculation de la part du locataire.Si monpropriétaire refuse, et que je me risque quand même à louer mon logement ?A défautd'autorisation, les locataires ne peuvent en aucun cas sous-louer ! S'ilsle font sans autorisation, ils prennent le risque de voir leur propriétairedemander la résiliation du bail, ou encore des dommages et intérêts. Lelocataire encourt même des sanctions pénales.Et qui doits'assurer : moi ou la personne a qui je vais louer mon appartement ?Le locataireprincipal reste responsable des éventuels impayés ou dégradations du logement àl'égard du propriétaire car ce dernier n'a en principe aucun lien juridiquedirect avec le sous-locataire. Il est responsable des manquements dusous-locataire comme s'il occupait lui-même le logement. C'est pourquoi, si lelocataire sous-loue intégralement son logement, il doit absolument veiller à ceque son sous-locataire soit bien assuré. Il a intérêt d'autre part à sous-loueren toute légalité, s'il veut disposer d'un recours contre ce dernier en casd'impayés ou de dégradations.Si je suis propriétaire, je peux faire ce que je veux de monlogement ?A priori oui, sivous respectez les conditions de la location saisonnière, notamment en terme dedurée. Si vous partez une semaine au ski et que vous souhaitez louer votrerésidence pendant ce temps, libre à vous. Veillez tout de même à l'assurance devotre locataire. Dans la majorité des cas, il est assuré par samultirisque habitation, à condition qu'elle comporte la garantie"villégiature". Si son contrat ne comprend pas cette clause, lelocataire doit souscrire une assurance spéciale pour la période louée. Maisattention ! S'assurer n'est pas une obligation pour le locataire en saisonnier,sauf si vous l'imposez contractuellement. Le propriétaire peut égalementenvisager de s'assurer pour le compte de son locataire et répercuter le coûtdans les charges que le locataire doit régler.Quelles restrictions ?Depuis un mois,une polémique est née autour des locations saisonnières. C'est la ville deParis qui a mis le feu au poudre en rapportant que 20.000 logements de lacapitale sont mis en location meublée touristique de courte durée, de façonpermanente, ce qui réduit l'offre locative classique. Les bailleurs sontaccusés de privilégier la rentabilité (un studio en plein Paris se loue, à lasemaine deux à trois fois plus cher qu'une location classique) au détriment del'accès au logement des Franciliens. La mairie a donc fait valoir une ancienneloi, tombée en désuétude, qui stipule que le propriétaire qui loue son logementpour de courts séjours, doit, au préalable, obtenir une autorisation.Cetteautorisation concerne-t-elle tout le monde ?Ce sont surtoutles professionnels de la location saisonnière qui sont visés. Ceux qui louentde cette manière toute l'année, et non pas de manière occasionnelle. La mairiede Paris a calmé le jeu en indiquant qu'elle ne poursuivrait pas lespropriétaires qui louent leur résidence principale quelques semaines par an. Etsurtout que ces derniers ne seraient pas concernés par la demanded'autorisation. Attention toutefois : il ne s'agit que d'une toléranceadministrative ! Une interprétation "large" des textes. Ilconvient donc de bien se renseigner afin d'éviter tout problème. Mais d'unemanière générale, on considère que les personnes qui louent trois mois par anleur habitation principale pour profiter de revenus supplémentaires n’enlèventaucunement le bien au parc locatif.Donc si je loue mon appartement quelques semaines par an, je ne suis pasconcerné ?C'est ce que lamairie de Paris laisse entendre, sauf que sur la dizaine de dossiers déjàtransmis au Parquet, un loueur "occasionnel" a été mis endemeure... Tant que la justice n'a pas définitivement tranché, il faut resterprudent.Et si jen'habite pas Paris ?Il va falloirattendre pour répondre à cette question, car la mairie de Paris s’appuie surdes textes qui concernent en réalité toutes les villes de plus de 200.000habitants, les départements des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et duVal-de-Marne. De plus, ce dispositif peut être étendu à d'autres communes surproposition du maire (article L 631-9 du Code de la construction et del'habitation). Les bailleurs professionnels et de nombreux propriétairesparisiens ont manifesté leur mécontentement et ont même saisi la justices'appuyant sur "une interprétation libre" et "acontrario" de la loi par la mairie de Paris. Mais si le juge venait àconfirmer les décisions de justice prises à l'encontre de certainspropriétaires, cela pourrait effectivement faire jurisprudence et l'applicationde la loi telle pourrait alors étendue à toutes les villesconcernées par les textes (article L 631-7 du Code de la construction et del'habitation). A suivre.