Pourtant acheter français n'est pas si facile. A l'heure actuelle, il n'y a pas derepères vraiment fiables pour les consommateurs. On voit des bannières, despanneaux, des drapeaux tricolores et des étiquettes "fabriquées enFrance" qui fleurissent dans les magasins. Mais quel crédit accordé à cesrepères ? Dans une économie de plus en plus mondialisée, le consommateurest très mal informé et souvent berné, explique Jean-Paul Geai rédacteur en chef de Que Choisir.Quel crédit accordé au "made in France" ?La mention "made inFrance" n'a, du moins pour l'instant, aucune définition légale, etBruxelles estime que toute revendication nationale entraverait la librecirculation des marchandises. Mentionner l'origine du pays est facultatif pour la plupartdes produits et les règles sont différentes d'un produit à l'autre.Une chemise de nuit fabriquée en France àpartir de dentelles chinoises peut très bien être estampillée "made in France", tout comme un drap confectionné en Tunisie avec un coton tissé en France. Enrevanche, des chaussettes cousues en France à partir de tissus chinois n'ontpas le droit de revendiquer qu'elles sont faites en France.Il est donc impossible pour leconsommateur de savoir exactement ce qui se cache derrière l'étiquette "fabriqué en France" d'un article.Des exceptions dans ledomaine alimentaire Indiquer l'origine est obligatoire pour les fruits et leslégumes, le miel, les œufs, l'huile d'olive, mais aussi pour la viande bovine,depuis la crise de la vache folle, mais pas pour les plats préparés à base deviande bovine. Le récent scandale des lasagnes à la viande de cheval en est unebelle illustration.Les étiquettes où l'on peut lire "conditionné enFrance" ou "fabriqué en France" ne signifient pas que lesmatières premières sont françaises. Au contraire. C'est pourquoi les éleveurs et les associations deconsommateurs réclament un véritable étiquetage précisant l'origine desingrédients pour les plats cuisinés, mais l'industrie agro-alimentaire n'y estguère favorable.Les AOC, dans le domaine agricoleOn peut faire confiance aux AOC, pour appellationd'origine contrôlée, ou aux IGP, pour indication géographique protégée. Ellesfont référence à une zone géographique délimitée, à un terroir. Certes, il peuty avoir des fraudes ou des tromperies, mais les noix du Périgord, l'huiled'olive des Baux de Provence, le miel de Corse, les volailles de Bresse, lebœuf de Charolles, pour n'en citer que quelques-unes obéissent à un cahier descharges précis.Mais, en dehors du secteur alimentaire, le consommateur nedispose pas de beaucoup de repères.L'"Origine France garantie"Cette certification va plutôt dans le bon sens, mais resteencore trop confidentielle. Elle a été créée en 2010 par le député Yves Jégopour permettre aux entreprises françaises de valoriser la fabricationmajoritairement française de leurs produits. Plus de 600 produits sont pourl'heure labellisés.Pour qu'un produit soit certifié"Origine France garantie", il doit avoir acquis en France à la fois ses caractéristiquesprincipales et plus de la moitié de son prix de revient.Les caractéristiques principales : cela concerne la totalité de la confection (coupe, montage,finitions), pour un vêtement.Pour un produit alimentaire, ce sera l'ingrédientmajoritaire mais aussi tous ceux qui entrent pour plus de 30 % dans la recetteou qui figurent dans la dénomination de vente.Pour un appareil électroménager, on retiendra l'assemblagedes composants et les finitions.L'"Origine France garantie"est délivrée pour trois ans par le Bureau Véritas après audit et un contrôle annuelest programmé pour le vérifier. Attention, elle est valable pour le produit,pas pour l'entreprise qui le fabrique qui, elle, peut produire certains de sesproduits en France et d'autres à l'étranger.