Les diagnostics de performance énergétique pointés du doigt
Les DPE existent
depuis plusieurs années mais d'après Que Choisir ils manquent de fiabilité.
Entretien avec Elisabeth Chesnais de Que Choisir .
La classe énergétique du logement prend de plus en
plus d'importance. Elle a une influence sur le prix de vente et peut amener à choisir un bien immobilier plutôt qu'un
autre, un phénomène qui concerne aussi la location. Elle compte pour l'accession à la propriété,
le montant du prêt à taux zéro dépend de la classe énergétique du logement.
Le DPE sera utilisé dans le cadre de la
tarification progressive du gaz et de l'électricité avec un système de
bonus-malus en fonction des niveaux de consommation. Tel que c'est prévu, la
classe énergétique des logements devrait servir à reporter le malus des
locataires sur leur propriétaire si l'appartement ou la maison est mal classée.
Dans ces conditions le DPE devient un instrument majeur dans la politique du
logement. Pour que ça fonctionne il faut qu'il soit fiable.
Pour sa nouvelle enquête sur le DPE, Que Choisir a fait tester par plusieurs diagnostiqueurs cinq maisons situées dans cinq régions différentes.
Résultat la situation ne s'améliore pas et c'est toujours la grande
loterie. Imaginez que sur l'étiquette énergie qui comporte sept classes de A
à G, nous avons une même maison qui été classée en B, c'est-à-dire très peu
consommatrice en énergie par un diagnostiqueur, et en D ou E, c'est-à-dire
consommant beaucoup d'énergie, par les autres.
Il y a donc un écart de quatre
classes énergétiques d'un professionnel à l'autre pour le même bien immobilier,
c'est invraisemblable et c'est très grave. Si jamais cette
maison est mise en vente avec son DPE en B, les acquéreurs auront des factures
d'énergie trois à quatre fois supérieures à ce qui leur aura été annoncé à la
vente. C'est de la tromperie. On ne dépasse pas deux ou trois classes d'écart sur les
autres maisons, mais c'est déjà énorme, on est dans la désinformation complète.
Les consommations d'énergie estimées passent du simple au double ou du simple
au triple selon le professionnel.
Début 2012, le gouvernement a pris des
mesures pour renforcer la fiabilité des DPE, mais sans effet. A cela deux explications. Le calendrier, de
ce que le précédent gouvernement appelait le plan de fiabilisation des DPE,
devait entrer en vigueur début 2012, mais les diagnostiqueurs ont fait le siège
devant le ministère et ils ont obtenu un délai de grâce. Actuellement, ils procèdent
comme ils veulent, l'application des nouvelles mesures reste facultative
jusqu'à la fin de l'année. Mais le problème principal c'est la compétence
des diagnostiqueurs et surtout l'incompétence d'une partie de ceux qui sont en
poste. Les nouveaux qui vont être recrutés devront avoir des
connaissances et une formation en bâtiment. En revanche tous ceux qui sont déjà en poste vont rester incompétents s'ils le sont déjà.
Et ce n'est pas parce qu'ils vont intégrer beaucoup plus de données dans leur
logiciel d'évaluation que la classe énergétique sera plus juste. Ce qui compte,
c'est que les données entrées soient les bonnes.
Si les DPE ne s'améliorent pas rapidement, il faudra bien se
poser la question de leur existence. Donner une fausse information aux acquéreurs
et aux locataires, c'est pire que de ne rien leur dire.
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