Cet article date de plus de dix ans.

Femmes de chaque côté du mur

D'un côté, les Palestiniennes de Cisjordanie occupée, de l'autre, les Juives des colonies israéliennes. Entre elles, un mur de béton. Pour savoir si ces femmes qui vivent sur la même terre sans jamais se croiser ont des points communs, Corine Goldberger, de Marie Claire est partie à leur rencontre.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (©)

Côté palestinien, Corine Goldberger a rencontré l'écrivaine et cinéaste Norma Marcos qui a écrit un livre passionnant sur les femmes et les féministes palestiniennes. Le but était de rencontrer des femmes différentes des clichés qu'on peut avoir sur les Palestiniennes, qui sont souvent montrées uniquement dans leur dimension de victimes de l'occupation israélienne, et pas comme des femmes actives, qui travaillent, qui ont ou pas un mari. Ce sont des femmes comme cela qu'elle a choisi de rencontrer.

Du côté des femmes des colonies, Corine Goldberger a contacté des porte-paroles de grosses colonies comme Benyamin, pour pouvoir rencontrer des femmes qui ont décidé de vivre volontairement en Cisjordanie occupée.

Les journalistes ont expliqué aux Palestiniennes qu'elles faisaient des interviews de Palestiniennes, et aux Israéliennes des colonies qu'elles faisaient un reportage sur les femmes des colonies, sans dire aux unes et autres qu'elles faisaient un reportage sur les unes et les autres qui vivent de chaque côté du mur, des murs, des barrières de sécurité, sans quoi, elles auraient évidemment toutes refusé, les Palestiniennes, parce que pas question pour elles d'être dans le même reportages que des femmes qui occupent leur terre, et les Israéliennes parce que pas question d'être présentées comme occupant la Cisjordanie.

Des questions identiques

Pour essayer de voir si ces femmes, qui ne se rencontrent jamais et que tout oppose alors qu'elles vivent sur la même terre, les journalistes leurs ont posé les mêmes questions afin de savoir si elles avaient tout de même des points communs.

Des réponses étonnantes

Côté palestinien, les journalistes ont rencontré des femmes formidables comme Amal Masri, Pdg du groupe Ougarit à Ramallah, rédactrice en chef de Middle East Business News et Palestine business Focus. C'est une femme d'affaires qui a un enthousiasme contagieux, qui a fait une grève de la faim pour partir en France étudier le français dans sa jeunesse et dont le père, qui a fini par céder, lui disait qu'elle était plus forte que dix garçons, (il a eu 9 filles) qu'elle était un exemple pour les filles palestiniennes !

Iman Daraghma, de Ramallah, a expliqué en détail avec beaucoup de passion que son rêve d'inspectrice au ministère de l'éducation, c'est d'améliorer l'éducation des jeunes, pour les rendre productifs et innovants, notamment en les envoyant se former à l'étranger, filles comprises. Parce qu'en Palestine, dans les matières scientifiques, en sciences par exemple, il y a trop d'apprentissages "par coeur", et pas assez de concret et d'expérimentation.

Du côté des femmes des colonies, c'est un autre monde. Pour elles, la Cisjordanie occupée, c'est leur terre parce que c'est celle de leurs ancêtres et des Patriarches. Une vigneronne de Beqaot dans la vallée du Jourdain dit : "Si j'étais certaine que la paix soit possible avec des compromis, si le gouvernement nous disait de partir, je serais prête à quitter ma maison et mon vignoble. Et à m'installer ailleurs en Israël, dans le Negev par exemple. Je peux faire de la vigne n'importe où, où le climat est propice. Et si la paix était possible et signée, j'irais visiter mes travailleurs palestiniens à Tamoun, à Salem, Naplouse. "

Ces femmes partagent quelque chose d'universel : le plus important pour elles, c'est leurs enfants, leur réussite, leur famille.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.