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Décrocher un contrat en alternance

La ministre de l'enseignement supérieur a présenté ce matin en conseil des ministres son projet de loi d'orientation pour l'enseignement supérieur et la recherche. Dans ce projet de loi: 20 mesures. L'une d'elle prévoit le doublement du nombre d'étudiants en alternance d'ici 2020. L'occasion de faire le point sur ce mode de formation avec vous Sandrine Chesnel, journaliste à la rédaction de L'Etudiant.
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Le
principe de la formation en alternance est un principe très simple : l'étudiant en alternance signe
un contrat avec une entreprise qui le rémunère pour préparer un diplôme.

Il y a 2 types de contrats en alternance : le contrat
d'apprentissage, le plus connu, et le contrat de professionnalisation. Ces deux
contrats sont des contrats de travail, le jeune est un salarié, en formation. Ainsi, il partage son temps entre l'entreprise, où il travaille,
et l'organisme de formation, où il prépare son diplôme.

Quels diplômes peut-on préparer en alternance ?

On peut préparer n'importe quel diplôme professionnel, du CAP au bac+5. Depuis 1987, l'apprentissage a été étendu aux diplômes
de l'enseignement supérieur. Aujourd'hui, on peut donc devenir commercial,
chargé de recrutement, éducateur spécialisé, journaliste ou informaticien, en
passant par une formation en alternance.

Donc on peut préparer
en alternance la plupart des diplômes professionnels de l'éducation nationale, y
compris des diplômes de l'enseignement supérieur : des bacs +2, comme les BTS et DUT, des bacs +3, comme les licences
professionnelles, mais aussi des masters (bac+5) de l'université, et des diplômes
de grandes écoles d'ingénieurs et de commerce.

Quelle différence entre une formation en alternance et un
stage ?

Un stagiaire et un jeune sous contrat d'alternance
ne sont pas dans la même situation :le premier est un étudiant stagiaire, avec une convention de
stage, alors que le deuxième a un contrat de travail. C'est un vrai contrat,
qui lui garantit  un salaire, calculé en
pourcentage du SMIC.

Et en plus, en alternance, le jeune n'a pas à payer son
école ce qui peut-être intéressant pour ceux qui choisissent des formations
très coûteuses dans des écoles de management, par exemple.

Est-ce que le diplôme obtenu à la même valeur ?

En alternance ou sous statut scolaire, les diplômes sont les
mêmes mais on ne peut pas dire qu'ils ont la même valeur. Le diplôme obtenu en alternance a plus de valeur que celui
obtenu par voie scolaire, puisqu'il garantit au recruteur que le jeune a déjà
été en vraie situation professionnelle sur une durée de 1 à 3 ans.

La formule a-t-elle des défauts ?

Le premier, le plus évident, c'est que l'alternance est à
réserver aux plus motivés : il faut préparer un diplôme, suivre un
programme qui est le même que celui des jeunes en formation scolaire, et le
tout en tenant son poste dans l'entreprise !

Le rythme d'alternance, ce peut être 2 jours en formation, 3
jours en entreprise, ou bien 2 semaines en formation et 1 mois en
entreprise : c'est souvent fatigant et exigeant, il ne faut pas le cacher.

Parfois aussi il y a un problème d'inadéquation entre le
diplôme préparé et le poste occupé. Concrètement, un jeune qui prépare une licence
professionnelle peut se retrouver à exécuter des tâches pour lesquelles un
niveau bac+2 suffit. C'est tout bénéfice pour l'entreprise, puisqu'elle sait que
le jeune pourra rapidement tenir son poste, mais ça l'est moins pour le jeune.

Une fois le contrat terminé, est-ce qu'on est sûr d'être
recruté par son entreprise ?

L'employeur n'a aucune obligation à transformer
un contrat en alternance en un CDI. Mais pour certaines grandes entreprises, le recrutement en
alternance est clairement une pré-embauche : ce qu'elles espèrent, quand
elles sélectionnent un jeune, c'est qu'il restera chez elle à l'issue de sa
formation.

Même pour les jeunes qui ne sont pas recrutés la formule est
intéressante parce qu'elle permet d'avoir une première vraie expérience
professionnelle à vendre aux recruteurs.

C'est peut-être aussi difficile de décrocher un contrat en
alternance ?

Il faut être honnête, décrocher un contrat en alternance,
surtout en ce moment, c'est difficile. Il faut s'y prendre tôt : pour une entrée en formation en septembre prochain, il faut
commencer à chercher son école et son entreprise maintenant.

Mais où chercher ?

Beaucoup de villes, de régions, organisent à cette époque de
l'année des forums de l'alternance qui permettent aux jeunes de rencontrer des
responsables d'établissements de formation et des recruteurs.

Ce week-end à Bordeaux par exemple se tiendra un salon de
l'étudiant spécial Alternance.

Sans oublier, les missions locales, CIJ (les centres
d'information jeunesse), sites Internet des écoles, les Chambres de commerce et
d'industrie, les Chambres de métiers d'artisanat. Les Chambres notamment
organisent des ateliers pour aider à la rédaction de CV ou de lettre de
motivation, il ne faut pas hésiter à les contacter.

Est-ce qu'il y a des secteurs professionnels qui recrutent
plus que d'autres ?

Les secteurs de la
Banque, des assurances, de l'informatique, de la distribution
recrutent plutôt des alternants du supérieur, BTS, licences, masters.

Le bâtiment, l'artisanat, l'agroalimentaire et hôtellerie
restauration recrutent davantage au niveau CAP et bac professionnel.

Pour les jeunes qui souhaitent se former en alternance,
quand faut-il commencer à se renseigner ?

Maintenant ! C'est le moment de se renseigner sur les
formations, et les établissements qui les proposent. Beaucoup d'écoles
organisent des journées portes ouvertes en  mars : il faut y aller.

Un dernier conseil : pour bien choisir son école, il
faut privilégier celles qui proposent des ateliers de recherche de contrat, et
celles qui ont des partenariats avec des entreprises.  C'est souvent un gage de
sérieux, et c'est un appui certain, car la recherche d'un contrat est un
exercice de longue haleine et, surtout en ce moment, plutôt difficile.

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