Les campagnesde sensibilisation à l'écologie sont toujours plus nombreuses, et pourtant onn'a pas l'impression que cela change grand chose. Est-ce que cela n'a vraiment rien changé ? Pas sisûr : au quotidien, nos comportements ont tout de même beaucoup évolué cesdix dernières années. Le tri sélectif, les achats d'ampoules basseconsommation, de produits locaux... il y a des prises de conscience. Et pluslargement, on observe des changements de valeurs, dans le rapport à laconsommation notamment, on reste des grands consommateurs, mais tout de même,on remarque, jusque dans les sondages que nous-mêmes pouvons faire par exemplesur Psychologies.com, on voit que la tendance classique au "vouloirtoujours plus" a cédé la place, chez beaucoup, à une quête de simplicitéet de sobriété. Sinon dans les actes, en tout cas dans les idées et lesvaleurs, une évolution est visible.Il y a pourtant encore un décalage entre les intentions et lescomportements. Des études sur la propretéde l'environnement avaient montré, il y a quelques années, que 95 % despersonnes interrogées se disaient prêtes à ramasser des papiers par terre. Saufque seules 2 % le faisaient vraiment. En fait, ce décalage ne vaut pas que dansl'écologie, les psychologues le constatent dans tous les domaines. Autrementdit, nos actions ne peuvent pas découler seulement de nos idées, de notreraison. Pourquoi ? Parce que nous ne sommes pas que raison, que rationnel,nous sommes aussi, voire surtout, irrationnel, inconscient, névrosés aussi,auxquelles nous tenons plus qu'à tout autre chose... C'est peut-être l'une des choses que notreépoque oublie trop souvent : la volonté ne suffit pas. Nous sommes naturellement résistants auchangement. Parce que changer c'est se heurter à la peur de l'inconnu (c'est lefameux : "je sais ce que je perds, pas ce que je gagne"),parce que vivre en pilotage automatique est bien plus confortable que de seremettre en question. Et puis parce que, dans ce cas précis de l'écologie, onpeine à croire que changer à l'échelle individuelle puisse modifier le cours dumonde, tout simplement. Le sentiment d'impuissance freine spontanémentl'action.L'un des leviers sur lesquels on s'appuie, souvent, poursensibiliser à l'écologie, ce sont les enfants. Est-ce qu'on sait si cela fonctionne ?Est-ce que leur parler de l'avenir de la planète peut réellement lestoucher ?Il suffitde voir comment les enfants nous regardent de travers dès qu'on oublie de triernos déchets ou qu'on laisse couler l'eau du robinet... Sur ces actes trèsconcrets, très quotidiens, les enfants sont facilement réceptifs, parce quec'est à leur portée. Quant à leur parler de l'avenir de la planète, c'est autrechose. Un enfant vit au présent, c'est le propre -pour ne pas dire le luxe- del'enfance. Faut-il les en priver ? Je serai tentée de répondre que non. Sitant est, d'ailleurs, que l'on puisse les en priver...Ceci dit, les enfants ne sont pas les seuls à vivre auprésent. Nous avons nous aussi beaucoup de mal à nous projeter dans l'avenir etdonc à nous en sentir responsables.Pourquoi ? D'abord parce que, pour paraphraser Freud, le moi estincapable d'imaginer sa propre mort. C'est une question de surviepsychique : se projeter, de surcroit dans un monde hypothétiquementsombre, nous est très difficile. Et puis pour des raisons plus sociétales etcontemporaines : le règne de l'immédiateté et du court-termisme qui se passesur fond de crise, donc de peur du lendemain et de sentiment d'insécurité, toutcela nous rend plus enclin à vivre dans l'instant. L'état d'esprit actuelpourrait se résumer à : "Profitons, avant qu'il ne soit trop tard". Ce qui n'est pas très propiceà un engagement pour le futur de la planète.Autrement dit, toutes cescampagnes de prévention, de sensibilisation ne servent à rien ! Et bien non, au contraire, parce que le contexte dans lequelnous baignons est essentiel pour modifier nos attitudes. Pour une raisonsurtout : il est bien plus facile de changer en groupe que tout seul. Doncplus notre environnement -au sens, cette fois, de ceux qui nous entourent, ducontexte dans lequel nous vivons- plus cet environnement manifeste des désirsde changements, plus nous sommes encouragés à y participer.La journée mondiale de la Terre ne serait pas àconsidérer comme une énième journée mondiale parmi d'autres ? Elle auraitun réel intérêt ?En annonçant que plus d'1 milliard de personnes sont soudainunies autour d'un même souci, d'un même cause, l'avantage c'est qu'on joue surle besoin et sur le désir -un peu naïf, certes, mais profond- de croire dansune humanité solidaire. Donc on joue sur la corde sensible et vite émue dechacun. Et puis, en effet, c'est motivant parce qu'on se sent porté dans unmouvement général. La politique des petits pas individuels c'est essentiel, etcela a déjà porté ses fruits, on en parlait au début. Mais les solutionsglobales, les mouvements de groupes, de société sont tout de même plus porteurset motivants. Le but c'est de ne pas se sentir seul à agir... Ou, plus encore,en lutte contre une autre partie de la population, plus influente. Et sur cepoint, il faut aussi mentionner l'Université de la Terre, qui aura lieu ceweek-end à Paris et qui chaque année depuis 2005, réunit, autour de cesquestions de l'environnement, des entrepreneurs, des politiques, et descitoyens engagés, donc des mondes qui, a priori se sentaient en discordance surces questions et ces valeurs.Vous pouvez retrouver les activités proposéessur le site earthday.org . Et ce week-end, à Paris, l'Université de la Terre, dont le programmeest sur universitedelaterre.org.