Cet article date de plus de six ans.

Stéphane Brizé : "La colère des salariés est présente depuis longtemps dans notre société"

En salle depuis le mois de mai, le film "En Guerre" réalisé par Stéphane Brizé donne à voir le combat mené par Laurent Amédéo (incarné par Vincent Lindon), porte-parole des salariés d'une entreprise fermant son site contre toute attente.

Article rédigé par franceinfo, Jean-Mathieu Pernin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Stéphanie Brizé, réalisateur du film "En guerre". (RADIO FRANCE / JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT)

Le réalisateur Stéphane Brizé a répondu aux questions de Jean-Mathieu Pernin dans la "Mise à jour", mercredi 13 juin pour son film En Guerre, dont le rôle principal est joué par Vincent Lindon. Le film narre l’histoire d’un délégué syndical qui fait tout pour sauver les emplois de l'entreprise dans laquelle il travaille. Les salariés découvrent finalement que la direction ferme le site de l'entreprise, bafouant la promesse qu'elle leur a faite.

Tourné entre octobre et novembre 2017, En Guerre fait écho aux grèves actuelles, sans pour autant y répondre directement. Son réalisateur était loin d’imaginer l’ampleur qu’allait prendre le mouvement des cheminots de la SNCF : "La SNCF n’a pas inventé les grèves ni la colère. Cette colère est présente depuis longtemps dans notre société. On ne pouvait pas prévoir tous les mouvements sociaux qui se sont déroulés au mois de mai, mois de la sortie du film."

"L'écho de la colère"

C’est à l'aune des mouvements sociaux que connaissent des entreprises comme Air France ou la SNCF que Stéphane Brizé s’est demandé ce que son film devait montrer et questionner. Les images de violence vues dans les médias sont, selon lui, "l’écho d’une colère provenant de la souffrance des salariés." 

Stéphane Brizé revient sur l'épisode de la chemise arrachée, celle d'un cadre d'Air France malmené par des salariés. "C'est quelque chose qui rend inaudible toute revendication, on ne retient que ça. Au moment où j’ai découvert ces images, passé l’état de sidération, je me suis dit : 'Qu’est-ce qu’il s’est passé dans les mois qui ont précédé ces événements pour amener des hommes et des femmes à cet état de colère?'" s’est interrogé Stéphane Brizé.

Le film En Guerre a failli s'intituler "Un Autre monde". "Quand on a cherché une usine pour tourner, en racontant lhistoire et en disant que le film s'appelait En Guerre, je peux vous dire qu'il n'y a pas une entreprise qui nous a accueilli..." Finalement, Stéphane Brizé est revenu au titre qui était celui du scénario.

Ce long-métrage sort trois ans après La Loi du marché, l'histoire d'un chômeur qui devient vigile. Est-ce que ce sont des projets de films faciles à présenter à des producteurs ? "J'ose espérer que le propos n'est pas gênant. En tout cas, ces films existent, ça veut dire qu'on a trouvé l'argent pour... Il ne faut pas qu'ils coûtent trop cher. Est-ce que le marché va les accepter, les digérer ? Ce n'est pas si simple. On peut trouver des solutions pour que ces films existent, ensuite c'est le marché qui décide de leur réussite ou non."   

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.