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Marylène Patou-Mathis : "Neandertal a longtemps été le parent pauvre, un peu singe, un peu inférieur"

La préhistorienne Marylène Patou-Mathis sort le livre "Neandertal de A à Z" publié chez Allary éditions. Elle dresse un portrait loin des fantasmes souvent entendus sur notre ancêtre, celui de l'"homme primitif", ou plus élogieux, du "pacifiste".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Marylène Patou-Mathis (RADIO FRANCE / JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT)

L'invitée de "Mise à jour" de Jean-Mathieu Pernin est Marylène Patou-Mathis, préhistorienne, directrice de recherches au CNRS. Elle sort un livre intitué Neandertal, de A à Z, publié chez Allary édition pour réhabiliter  l’homme de Neandertal. Notre grand ancêtre serait très loin de la caricature du sauvage barbu et mal dégrossi avec un gourdin à la main pour protéger sa caverne. Pacifiste, artiste et découvreur, on a tous quelque chose en nous de Neandertal. 

Selon Marylène Patou-Mathis, l'homme de Neandertal a longtemps été mal considéré. "Il a fallu attendre les années 2000 pour voir Neandertal tel qu'il était dans ses comportements, sinon, c'était vraiment le parent pauvre, un peu singe, un peu inférieur", explique-t-elle mardi 30 janvier sur franceinfo.

Cela s'explique par le fait que l'homme de Neandertal a été "découvert très tôt, en 1856". Or, à cette époque, "on ne pouvait pas imaginer qu'on avait des ancêtres. A l'époque, c'est la théorie du déluge, analyse Marylène Patou-Mathis. Donc, déjà, on l'a traité d'homme moderne pathologique. Il était abruti, rachitique... Un délit de sale gueule". Mais au fil des découvertes, notamment celle de l'Homo sapiens, l'homme de Neandertal est reconnu comme un ancêtre de l'Homme.

Fantasmes autour du Neandertal

Marylène Patou-Mathis tente également de mettre fin aux a priori qu'on a souvent sur les hommes de Neandertal, et sur l'époque préhistorique en général. "On a une vision de la préhistoire dans une nature hostile, très violente, et dans laquelle les hommes se battent. Non ! Pourquoi ? Parce qu'en fin de compte, ils sont très peu nombreux, ils occupent une surface énorme". Néanmoins, la préhistorienne constate deux visions dans l'imaginaire collectif, celle de "l'homme primitif, non civilisé" et au contraire celle "des gens qui disent 'c'était mieux avant'. On revient au jardin d'Éden, certains parlent même d'écologie et de pacifisme". Conclusion : "Il y a un rejet de Sapiens et de ce qu'on est devenu". Or, "Neandertal est différent, il n'est ni inférieur, ni supérieur", lance-t-elle.

Sa mise à jour ? "Je suis attirée par beaucoup de choses. Par exemple, pendant mes études de géologie, j'étais attirée par la tectonique des plaques. Je trouve qu'on peut avoir un intérêt à pleins de choses."

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