Serbie, 20 000 habitants en voie d’expulsion ?
L'expulsion, c’est le couteau sous la gorge du gouvernement serbe envers les habitants de la vallée de Jadar, à l’ouest de la Serbie, frontalière de la Bosnie-Herzégovine.
Le gouvernement serbe serait près de céder cette vallée de Jadar au géant minier anglo-australien, Rio Tinto (fleuve rouge en espagnol) afin d’en extraire du lithium. Ce très cher métal, si utile pour la fabrication des automobiles électriques, des téléphones Android, mais ici, une nouvelle fois, peu importe le sort des populations.
Jadar, une future vallée de la mort ?
Or, il se trouve que dans cette vallée de Jadar, à l’ouest de la Serbie, frontalière de la Bosnie-Herzégovine, 20 000 personnes y habitent, la plupart des agriculteurs éleveurs, ainsi c’est une population de 20 000 âmes sans compter les troupeaux. Et la majorité cultive les terres de la vallée du fleuve Jadar depuis plus de deux siècles. Sans oublier que l’exploitation du lithium demande, d’après les experts, de grandes quantités d’acide sulfurique, qui, de fait produirait de l’arsenic.
Ainsi donc, pour l’exploitation de l’extraction du lithium, non seulement la Serbie serait face à une pollution sans précédent, causant des dégâts environnementaux, mais qui plus est, il serait question pour le continent européen de la première migration écologique. Alors que deviendront les populations, les troupeaux, Où pourront-elles aller et s’installer ?
La propagande ne paie plus
Toutefois, même si la multinationale a déjà acquis des terres dans cette région, souvent en les achetant à des personnes très âgées, et peut-être profitant d’une certaine faiblesse, la population serbe ne compte pas se laisser faire. Même si la multinationale a usé de propagande à la télévision serbe, par le biais d’une de leur représentante, vantant les mérites de cette "énergie verte" et la chance pour le pays de bénéficier d’un sous-sol quasiment unique au monde concernant le lithium. Les Serbes s’opposent, et le président a été obligé de sortir du bois.
"Rien ne se passera sans la décision du peuple"
C’est l’affirmation du président serbe, Aleksandar Vučić, prévoyant un référendum concernant le projet de Rio Tinto, sauf que, comme nous l’a rappelé notre consoeur Vesna Petrović, ce référendum permettrait de faire passer une loi sur l’expropriation, car dans la nouvelle législation serbe, les 50% requis de participation d’électeurs pour la validité d’un référendum ne sont plus obligatoires.
Mais rien n’est gagné pour le président serbe, car les opposants au projet sont mobilisés dans toute la Serbie, manifestant dans les villes serbes, manifestations souvent très violentes, surtout quand le pouvoir lance contre les manifestants un bulldozer ou encore de jeunes hooligans, manches de pioche en main et faisant "le coup de main".
La terre serbe a une âme
Enfin, la question de la terre est dans l’ADN serbe, c’est la terre nourricière, mais aussi celle qui garde les morts, la mémoire d’us, coutumes et traditions, surtout quand il s’agit des morts des deux Guerres mondiales, sans oublier le conflit des guerres de Yougoslavie des années 90, un conflit qui passe encore très mal dans le quotidien des Balkans.
Et l’Europe dans tout ça ?
Eh bien l’Europe, comme au début du conflit Yougoslave des années 90, l’Europe regarde depuis le balcon. La Serbie n’est pas membre de l’UE, seulement du Conseil de l’Europe, il y a aussi des terres riches en lithium, au sein de l’UE, mais autant que faire se peut, Rio Tinto ne s’est pas trompé, autant choisir une terre qui n’est pas celle d’un état membre de l’UE.
Une nouvelle fois, la corruption qui sévit dans les Balkans montre son visage, sauf que le peuple ne tient pas, une nouvelle fois, être la victime d’intérêts très, très privés. Quant à Rio Tinto, ce fleuve rouge porte bien son nom, rouge comme le sang.
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