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Micro européen. L’Islande, notre lointaine voisine

L'Islande : un pays doutant toujours entre Amérique et Europe.    

Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
Radio France
Publié
Temps de lecture : 8min
Un geyser en Islande, phénomène très recherché par les touristes.  (ALTOPRESS  / MAXPPP)

Depuis son indépendance en juin 44, cette jeune république parlementaire a toujours vécu à l’ombre de ces deux grandes aînées, l’Amérique et l’Europe.

Terre de glace aux racines européennes

La langue islandaise est la plus proche de la langue des Vikings, les lointains ancêtres des Islandais. Pour une superficie de 102 775 km², 358 780 habitants soit 3 habitants au km², l’Islande avec ses paysages lunaires et ses volcans est un état au septentrion du globe proche du cercle polaire.

La géothermie de l’Islande lui permet d’être autonome énergétiquement, ses sources d’eau chaude en font un pays où les piscines sont naturellement chauffées. D’ailleurs il est de coutume de se rendre à la piscine bien souvent, voire avant de se rendre au travail, et cette géothermie permet de chauffer, par exemple, les habitations de la capitale, Reykjavik. 

Cette terre de glace, comme l’indique son nom Islande, proche du Groenland, possède des racines européennes, mais son regard se porte trop souvent vers les États-Unis. Avant que le pays ne sombre dans une crise historique en 2008, les Islandais se considéraient à l’abri de tous déboires économiques et financiers, faisant une confiance aveugle en leurs dirigeants. 

Une crise historique  

Si dans la tradition islandaise, il était de coutume de croire que la classe politique était irréprochable, ce pays de lecteurs où l’on compte un écrivain pour quatre habitants, s’était jeté dans une folle course financière. Nombre de crédits étaient accolés au dollar, au yen, à l’euro, la consommation battait son plein, et l’Islande s’aventurait dans des investissements colossaux.

Frappée de plein fouet par la crise, les Islandais, pour la première fois de leur existence moderne, avaient découvert la contestation et les manifestations face au siège du Premier ministre, mais manifestation islandaise c’est-à-dire silencieuse et statique durant des heures. Ce pays qui était au  premier rang des pays les plus développés au monde subissait un choc qui allait rester dans les mémoires. Car de religion luthérienne, le mensonge ne pouvant exister, les Islandais découvraient à leur grand regret que leurs politiciens et leurs banquiers étaient faits du même bois que les autres, et qu’ils pouvaient aussi être corruptibles.

D’ailleurs, suite à la crise, l’Islande fut un des rares états à condamner et emprisonner des banquiers, ceux qui étaient restés et n’avaient pas fui comme bon nombre de leurs congénères. En fait le pays était touché par la crise des "subprimes", subissant une politique d’endettement due au bilan gonflé des principales banques qui dépassait le PIB du pays. C’est ainsi que les trois banques les plus importantes du pays furent nationalisées. Et la crise islandaise allait avoir des répercussions au Royaume Uni, au Luxembourg et au Pays-Bas. 

La faillite s’instaurait aussi dans les esprits islandais tant le pouvoir d’achat s’effondrant, on vit même de nombreux Islandais se rendre directement chez leurs concessionnaires automobiles, laissant leur véhicule "tout-terrain", avec les clés et les documents de propriété en face des concessions et repartant en transport en commun. Ce pays mit bien du temps à se relever. L’image de l’Islande en prit un coup certain, sachant que ce pays s’était fait connaître dans les années 80 par l’arrivée de la première femme au monde élue au suffrage universel, présidente d’une république, Vigdis Finnbogadottir.  

Le terrible Eyjafllajökull  

Eyjafllajökull faisait jouer de malchance l’Islande. En 2010, l’irruption de ce volcan perturba le trafic aérien mondial de mars à juin 2010 par l’éjection de cendres et de roches formant un nuage dont le volume, dépassant les 250 millions de m3 montait à 9 kilomètres d’altitude. Le nuage recouvra une partie de l’Europe, paralysant le trafic aérien. Mais Eyjafllajökull n’est pas le seul volcan islandais, d’autres sont plus puissants que lui, un autre épisode du type Eyjafllajökull étant toujours possible.  

Paysage en Islande. Illustration (MEDIA DRUM WORLD / MAXPPP)

La ressource halieutique  

Les trois activités islandaises aujourd’hui sont l’énergie, la pêche et le tourisme. Concernant la pêche, principale activité au niveau mondial, l’Islande a toujours eu pour tradition la pêche à la morue. Ce qui a toujours été pour elle un avantage face à la Norvège, autre pays état halieutique.

D’ailleurs, si l’Islande a toujours refusé d’intégrer l’Union européenne, elle n’en est pas moins membre de l’Espace économique européen comme la Norvège, surveillée de près par Oslo, en raison de son activité de pêche. Si jamais l’Islande intégrait un jour l’UE, on sait que la Norvège lui emboîterait le pas, ne voulant pas céder un pouce de terrain à Reykjavik, qui pourrait prendre la tête des affaires halieutiques européennes.

Qui plus est, aujourd’hui, face au changement climatique, si on pêche toujours la morue en Islande, le maquereau est devenu une réserve islandaise, contestée par l’UE, étant donné que ce poisson n’existait pas dans les eaux territoriales islandaises naguère.  

Le changement climatique  

Comme l’explique notre invité, le professeur Torfi Tulinius, les causes du changement climatique en Islande sont visibles, disparition des glaciers, transformation de la flore, et si les Islandais craignent pour leur environnement, d’autres pensent déjà à s’adapter à ces perturbations par un autre développement économique de l’île.

Le pays travaille depuis longtemps sur l’énergie hydrogène, il existe d’ailleurs des bus à hydrogène à Reykjavik, on pense depuis longtemps à une adaptation hydrogène pour les bateaux de pêche islandais. Aujourd’hui, face à la question géopolitique de l’Arctique, certains Islandais auraient le projet d’un hub portuaire au nord de l’île pouvant accueillir dans l’avenir des bateaux de fort tonnage, tels les porte-conteneurs.  

L’Islande face à l’Arctique politique  

Membre du Conseil de l’Arctique, l’Islande est au centre d’une nouvelle partition du monde, entre Est et Ouest, l’Arctique. Placée sous le parapluie américain et membre de l’Otan, bien que n’ayant aucune force armée, l’Islande, voisine du cercle polaire se retrouve dans le giron nord-américain dans la course aux routes de l’Arctique.

Face à la fonte des glaces et à la possible ouverture de routes navigables, ce petit pays est devenu un pion important dans les mouvements géostratégiques mondiaux en Arctique, soit les USA, la Russie, et la Chine, fortement intéressée par une route réduisant son temps de navigation vers le continent européen. C’est la raison pour laquelle sa position géographique fait de ce membre du Conseil de l'Arctique un pays fortement courtisé par Washington, que Reykjavik aurait plutôt tendance à suivre, au lieu de Bruxelles.  

Le tourisme appel d’air économique  

Enfin, l’Islande attend beaucoup du tourisme, malgré la faillite d’une de ses compagnies aériennes, et si ce dernier est maintenant bien implanté, le pays doit aussi gérer un certain équilibre face au risque du sur-tourisme.

Pour l’instant le pays n’est pas encore une vraie destination pour les croisiéristes, peut-être que le changement climatique apportera à l’Islande ces nouveaux débouchés économiques tout en veillant à préserver une biodiversité fragile.    

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