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Micro européen. L’Espagne n'a plus les moyens d'un nouveau confinement

Au-delà de l’espérance, l’Espagne ne pourra pas assurer un nouveau confinement avec cette troisième vague de Covid-19. La crise sanitaire frappe durement le pays et la situation économique est très préoccupante avec une augmentation du nombre de chômeurs et une baisse du PIB importante. 

Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
L'Espagne est non seulement fortement touchée par la pandémie, mais sa situation économique ne lui permet pas un un nouveau reconfinement.  (BGBLUE / DIGITAL VISION VECTORS / GETTY IMAGES)

Le paradoxe espagnol se fait jour, quand, citée par l’ensemble de la presse européenne, l’Espagne vit au grand jour, lieux publics, bars et restaurants ouverts aux quatre vents, dans certaines provinces ; ceci n’étant pas l’audace de gouvernements provinciaux osant prendre tous les risques, mais la conséquence d’une triste réalité, l’Espagne n’a plus les moyens…

Près de 400 morts par jour

À près d’un milliard d'euros – moyenne européenne – le coût journalier d’un confinement difficile à imaginer pour la France ou l’Italie, l’est encore moins pour l’Espagne. En cette troisième vague de Covid-19 avec variants, comme nous l’a précisé notre invité, le journaliste espagnol Juan Jose Durado, l’Espagne, c’est aujourd’hui près de 400 morts par jours. Comparaison n’est pas raison, mais les chiffres parlent d’eux-mêmes. Soit à valeur de population égale, Espagne, plus de 46 millions d’habitants, Pologne, 37 millions et Ukraine, 43 millions : L’Espagne, 2 830 478 cas de Covid-19 pour 58 319 décès, la Pologne 1 508 674 cas de Covid -19 pour 37 082 décès et l’Ukraine, 1 216 278 cas pour 22 628 décès, chiffres de ce 30 janvier 2020 sur worldometers.info.

Ainsi, hormis le fait que la population n’est pas encline au confinement, le gouvernement espagnol doit faire face à une épidémie secouant fortement le pays, une crise économique grave, un chômage de 16%, et surtout, un peuple qui passe de la résignation à la colère envers, autant le gouvernement central que les gouvernements régionaux.

Au-delà des Pyrénées, une nouvelle fois, l’Espagne se retrouve isolée avec le Portugal, dans une voie qui pour l’instant voit venir des jours de plus en plus difficiles, malgré le fait qu’un espoir pourrait venir d’Espagne puisque le laboratoire Pharmamar produit un médicament à base de plitidepsine, un anti-cancéreux dont l’activité serait très puissante contre le Covid-19, et réduirait de près de 100% la charge virale du coronavirus. Après les tests sur les animaux, les essais sur l’homme sont attendus…  

"Évitez l’Espagne !" : une gifle de Bruxelles

À peu de chose près, c’est bien le message transmis par la Commission européenne. Nouveau coup dur pour l’ensemble du pays dont le PIB est passé à -11% en 2020, quand le fonds monétaire international a estimé que le premier confinement espagnol a détruit 1 million d’emplois et se montre plus pessimiste avec une baisse de -12,8% du PIB.

Avec son demi-million de chômeurs, il n’en fallait pas plus à l’économie espagnole que ce "conseil" de la Commission européenne. À quelques mois des vacances de Pâques, printemps, été, l’industrie touristique espagnole reçoit une gifle de Bruxelles, quand on sait que le pays vit, aussi, grâce à ses façades maritimes, par le tourisme, îles comprises. Pour s’en assurer, le ministère de l’Industrie, du Commerce et du Tourisme espagnol  a commandé à l’Institut royal Elcano, groupe de réflexion espagnol publiant des analyses sur les relations internationales et les politiques publiques, une étude sur la probabilité de l’attractivité touristique espagnole en 2021. Il en ressort que les touristes européens seraient plus enclins à voyager en Italie 12,6% ou en Grèce 12, 3% qu’en Espagne 10,7%.

Et plus précisément, les touristes européens n’auraient aucune confiance dans la sécurité sanitaire espagnole, quant aux destinations balnéaires espagnoles, villes comprises, c’est la crainte de concentration de population qui fait reculer les touristes européens.

La Catalogne en solo

Une nouvelle fois, la Catalogne joue au "poil à gratter" dans la chemise espagnole, car les élections régionales en Catalogne se tiendront bien le 14 février prochain, à moins d’un nouveau coup de théâtre en pleine pandémie. Mais pour autant, la riche Catalogne, gouvernée par les indépendantistes est un enjeu pour le Parti socialiste espagnol, le PSOE, le parti de Pedro Sanchez, le premier ministre espagnol, qui souhaiterait déloger les indépendantistes, après leur tentative de sécession de 2017.

C’est la raison pour laquelle, le candidat du PSOE en Catalogne sera le catalan Salvador Illa, qui n’est autre que le ministre de la Santé espagnol qui a quitté ses fonctions ministérielles en pleine troisième vague du Covid-19. Pour les uns, Salvador Illa abandonne le navire, pour les autres, les objectifs d’un parti ont plus de valeur qu’une situation nationale tragique.

C’est aussi un facteur du désarroi des Espagnols qui se voient aujourd’hui prêts à faire entendre haut et fort leur mécontentement. Pour l’heure, le roi Felipe VI, garant de l’unité espagnole, reste bien silencieux, et l’Espagne prend les allures d’une œuvre de Cervantes.    

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