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Micro européen. Le Conseil de l'Arctique ou la complainte de l'ours polaire

Le Conseil de l’Arctique est une  assemblée souvent désassemblée, face à un cocktail d’intérêts financiers, industriels, politiques, ainsi que géopolitiques et géostratégiques. 

Article rédigé par franceinfo - Jose-Manuel Lamarque
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Ours polaire à la dérive. Le changement climatique en Arctique est deux fois plus rapide que dans le reste du monde. (GETTY IMAGES)

Le Conseil de l’Arctique a été fondé en 1996 par la "déclaration d’Ottawa", afin de "protéger", suivant cette déclaration, cette région du globe qui a toujours été convoitée par nombres d’Etats, riverains ou non.

Le Conseil de l’Arctique est composé de huit Etats membres, le Canada, les Etats Unis d’Amérique, la Russie, l’Islande, la Norvège, la Suède, la Finlande et le Danemark qui représente le Groenland et les îles Féroé. Auprès des Etats membres du Conseil de l’Arctique, siègent six organisations représentant les populations indigènes et autochtones, Inuit, Sami, Aléoutes entre autres. Enfi, 13 autres Etats sont considérés comme observateurs au Conseil de l’Arctique, c’est-à-dire qu’ils n’ont aucune voix décisionnelle, soit l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne, le Royaume Uni, la Suisse, la Chine, la Corée du Sud, l’Inde, Singapour et le Japon. Aujourd’hui le Conseil de l’Arctique est sous Présidence islandaise de 2019 à 2021.

L’Arctique, des appétits sans limites

L’Arctique est une vaste réserve d’hydrocarbures, mais ce n’est pas tout, car les expéditions de la Goélette Tara en Arctique et l’étude du plancton, font aujourd’hui état de 200.000 virus qui peuplent l’océan arctique et sont un élément essentiels dans le transport du carbone de la surface de l’océan vers les fonds marins, c’est-à-dire qu’ils forment comme le cite Tara, une "pompe biologique" qui contribue à la séquestration du dioxyde de carbone de l’atmosphère par l’océan, élément essentiel pour limiter le réchauffement climatique.

L’Arctique ce sont des terres rares, aussi de nouvelles routes maritimes profitant du réchauffement climatique, ainsi que de nouvelles zones de pêche. Donc l’Arctique est devenu non pas seulement une zone où se croisent les découvreurs, les explorateurs, aujourd’hui l’Arctique est devenue un cocktail d’intérêts financiers, industriels, politiques, ainsi que géopolitiques et géostratégiques.  

Ventres affamés n’ont point d’oreille pour l’environnement

Et justement, si le conseil de l’Arctique a été créé, c’est bien pour générer une synergie coopérative entre les Etats membres, afin de pouvoir mettre en place des règles, des protocoles, des actions environnementales et de développement durable pour protéger l’Arctique.

Tout ceci pour éviter la mainmise d’un Etat sur les autres dans cet espace vital pour la planète. Le conseil de l’Arctique serait une sorte de veille environnementale, et pour ce, il se réunit tous les six mois. Mais, le conseil de l’Arctique n’a aucun pouvoir contraignant, sauf émettre des déclarations formelles à la fin de chaque présidence, telles les déclarations sur le secours en mer, la pollution des océans par les hydrocarbures, ou encore la coopération scientifique. Bien souvent des vœux pieux face à une réalité où chacun défend ses intérêts, en oubliant la réalité du futur de l’Arctique.

Car les ambitions des uns et des autres, ont tendance à oublier que le premier effet environnemental de l’Arctique à court terme, si ce dernier n’est pas mieux protégé, aura des conséquences graves pour le climat, tout d’abord sur le continent européen.

Tout le monde veut sa part de glace sans partager avec les autres

Aujourd’hui dans un climat international très dangereux, l’Arctique est l’objet de visées et de tractations ayant un goût de "guerre froide". A commencer par les USA qui, par la voix du Secrétaire d’Etat Mike Pompeo, n’a pas hésité à redéfinir, voire redessiner l’Arctique en zones d’influences favorables aux USA et, ou, à l‘Otan. Ceci créant un malaise, voire un déséquilibre au sein du conseil de l’Arctique. Pour preuve, lors de la dernière réunion du 7 mai dernier à Rovaniemi en Finlande, la déclaration traditionnelle qui devait clore la Présidence finlandaise n’a pas vu le jour car les Etats-Unis d’Amérique ont refusé d’y faire mention du changement climatique.

Et pourtant, le changement climatique en Arctique est deux fois plus rapide que dans le reste du monde. Les enjeux en Arctique sont en train d’atteindre un niveau de dangerosité à tous les niveaux, et pour l’heure le Conseil de l’Arctique reste une voie "diplomatique" perdue, comme le sont les ours blancs sur la banquise dérivante.  

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