Micro européen. Le 1er janvier 2021, la collectivité européenne d’Alsace verra le jour
La collectivité européenne d'Alsace verra le jour le 1ᵉʳ janvier 2021. Elle résultera de la fusion des départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin qui continueront à exister en tant que circonscriptions administratives de l’État.
Une identité retrouvée et ancrée pour cette région de France, l'Alsace, puisque le 1er janvier 2021, cette collectivité territoriale française deviendra la collectivité européenne d'Alsace. Bas-Rhin et Haut-Rhin continueront à exister en tant que circonscriptions administratives de l’État.
Une grande première européenne
Alors que l’Alsace bénéficie du régime d’Alsace-Moselle, régime spécifique en France, un vieux projet a commencé à voir le jour, quand le 4 février 2019, les conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin votaient à Strasbourg et à Colmar une délibération commune pour la création de la Collectivité européenne d’Alsace. L’acte politique fondateur de la CeA, revêtait une dimension symbolique importante.
Tout avait commencé le 29 octobre 2018, par l’accord dit de Matignon, où l’Etat et les élus signaient cet accord, c’était l’annonce de la création d’une Collectivité européenne d’Alsace. Le parcours législatif qui s’en suivit fut extrêmement rapide, aboutissant à l’adoption d’une loi relative aux compétences de la CeA, loi promulguée le 2 août 2019. La création de la CeA était fixée au 1er janvier 2021, avec une première séance prévue le 2 janvier suivant. Et c’est en mars 2021 que seront élus les conseillers d’Alsace, soit un binôme homme/femme pour chacun des 40 cantons.
La renaissance politique et institutionnelle de l’Alsace
Tout d’abord, il s’agira de plusieurs reconnaissances, pour commencer celle des spécificités et particularités de l’Alsace, à travers la création d’une collectivité unique en France. Tout comme l’Eurométropole de Strasbourg est aussi unique. Puis, reconnaissance de la mission et de la vocation de l’Alsace, au service de l’ambition franco-allemande et européenne de la France, au sein du bassin rhénan et au cœur de l’Europe.
La CeA se verra octroyer des compétences supplémentaires, particulières et spécifiques, avec un rôle moteur affirmé en matière de coopération transfrontalière, de bilinguisme, de mobilité, de tourisme, de culture et de patrimoines alsaciens et rhénans. L’Alsace se verra transférer l’ensemble du réseau routier national non concédé sur son territoire, en plus des routes départementales gérées par les conseils départementaux, et la gestion des routes nationales (A35, A36) sera transférée à la CeA.
Si les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin seront fusionnés, l’unité de ces deux départements alsaciens permettra à l’Alsace de disposer de nouvelles capacités à agir pour exploiter pleinement tous les potentiels de son ancrage rhénan. Et l’Etat sera toujours présent, avec le maintien des Préfectures de Colmar et Strasbourg, ainsi que de tous les services des conseils départementaux, pour certains renforcés dans les territoires du Sundgau à l’Outre-Forêt. Cette nouvelle collectivité est une construction sur un modèle unique en France, avec des compétences fortes, particulières et spécifiques. L’apparition de la région Grand-Est en 2015 prenait la forme d’un paravent qui avait tendance à faire oublier l’Alsace, disparaissant déjà des plaques d’immatriculation.
Le retour de l’Alsace politique et institutionnelle grace à la CeA est un immense soulagement. Avec une seule assemblée composée par les conseillers d’Alsace, une assemblée dotée de compétences dites "sur mesure", où la prospérité et le développement alsacien seront assurés par de réelles capacités de l’Assemblée. Pour la CeA, ses compétences seront celles des conseils départementaux existants, mais avec l’ajout de compétences spécifiques et particulières pour l’Alsace. Cela se traduira par plus d’efficacité grâce à des capacités d’agir à l’échelle de l’Alsace, entre autres, grâce aux mutualisations.
La Cea sera aussi une collectivité pilote quant à l’apprentissage de l’allemand et de l’alsacien, que ce soit à l’école par l’animation culturelle, ainsi qu’en dehors de l’école. Le recrutement d’enseignements bilingues permettra d’accroître l’offre éducative en Alsace, et un pôle d’excellence dédié au bilinguisme, aux coopérations éducatives et transfrontalières sera créé.
L’Alsace et le transfrontalier
Qu’il s’agisse des questions de santé, de transports, de l’environnement, de l’aménagement du territoire ou des énergies, la CeA sera pionnière dans le domaine de l’action transfrontalière, et ouvrira la voie à des actions concrètes avec les partenaires frontaliers suisses et allemands.
L’Alsace jouit d’une position géographique cardinale par des frontières avec l’Allemagne et la Suisse. Ce puissant atout sera renforcé, une réelle émulation supplémentaire. C’est la raison pour laquelle la création de la CeA est un acte unique en Europe, et démontre aux capitales nationales que l’on sait très bien faire au niveau régional, quand on le veut. Et à n’en pas douter, le futur pourrait voir se dessiner une région européenne comprenant l’Alsace, le Palatinat et le Bade-Wurtenberg, Bâle en Suisse, soit une autre renaissance, celle du bassin rhénan.
Un fort soutien aux associations locales
La CeA sera un fort soutien aux associations locales. Il faut dire qu’elles bénéficient d’un statut unique, l’Association de 1908. Ce soutien concernera aussi les fédérations qui pourront prospérer à l’échelle alsacienne. Il en ira de même pour la marque Alsace, l’outil de communication local est fort bien implanté. Ainsi la marque sera gérée, coordonnée et développée par la CeA, idem pour le tourisme.
Quant aux entreprises, ces dernières recevront un fort accompagnement et soutien de l’Agence de développement d’Alsace. Et dans cette agence, une autre agence y sera en partie intégrée, l’Agence d’Attractivité d’Alsace, destinée au tourisme et aux entreprises du secteur.
Strasbourg, capitale européenne
La CeA ne pourra que renforcer Strasbourg. Elle est déjà capitale européenne, le siège du Parlement européen est bien à Strasbourg, et non à Bruxelles, Traités européens faisant foi, c’est aussi le siège du Conseil de l’Europe et de la Cour européenne des Droits de l’Homme.
Strasbourg est aussi la deuxième ville diplomatique de France, elle partage l’honneur, avec New York et Genève, d’y accueillir de nombreuses institutions internationales, soit 75 représentations diplomatiques et consulats. C’est toute l’importance de Strasbourg et de l’Alsace en Europe et au-delà. La CeA renforcera cette importance, quant à la France c’est tout son intérêt que le siège du Parlement européen soit à Strasbourg, en espérant que les députés français au Parlement européen le comprennent.
Mais l’Alsace et Strasbourg, c’est aussi le Rhin, un axe fluvial de la plus haute importance en Europe, et la France possède le deuxième territoire maritime au monde, son territoire fluvial est aussi remarquable par la présence du Rhin. C’est la raison pour laquelle la Commission centrale pour la navigation du Rhin a son siège à Strasbourg. Enfin, Strasbourg est la seule ville au monde à avoir exporté son Marché de Noël à Tokyo et à New York.
Du soleil à Nouvel An donne des fruits abondants, proverbe alsacien
"Strahlt s'neijorh im sunneschin, wurd's john woll fruchtbar sen" se traduit par "Du soleil à Nouvel An donne des fruits abondants". Une fois de plus l’Alsace veille et conserve jalousement ses us, coutumes et traditions et les fait vivre, en mettant en valeur son terroir, son patrimoine historique, culturel, culinaire. Enfin, l’Alsace est aussi une région active et dynamique qui marche toujours vers le futur. Son développement est à l’image de son ordonnancement, un doux mélange latin germain, c’est-à-dire alsacien, où Strasbourg à l’époque romaine s’appelait Argentoratum, et qui tout au long de l’Histoire, aura marqué la construction du continent européen. La Collectivité européenne d’Alsace y est ainsi la bienvenue.
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