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Micro européen. L'orthodoxie en crise

Grèce, séparation entre l'Église et l'État ? Oui mais !

Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
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Eglise sur l'île de Santorin à en Grèce. Image d'illustration (ATHANASIOS GIOUMPASIS / GETTY IMAGES EUROPE)

Depuis la décision du patriarche oecuménique de Constantinople, Bartholomée 1er, le 11 octobre dernier, de reconnaître le patriarcat de Kiev comme église autocéphale, donc ne dépendant plus du patriarcat de Moscou, une crise est ouverte depuis plusieurs semaines dans les pays orthodoxes.

Levée de boucliers des patriarcats de Moscou, Belgrade, Bucarest, Sofia ; embarras des métropolites et evêques grecs ; et dépôt de plainte auprès du gouvernement turc de l'Église orthodoxe de Turquie, 4 à 5 000 descendants de Byzantins, pour abus de pouvoir de Bartholomée 1er, patriarche oeucuménique de Constantinople. L'acte n'est pas passé inaperçu et le malaise est profond.

Sophisme ou abus de pouvoir ?

Les orthodoxes dans leur ensemble considèrent que le patriarche oecuménique de Constantinople n'a qu'une prééminence honorifique sur les autres églises autocéphales orthodoxes. Ainsi, du côté orthodoxe, qui plus est, au vu des accords avec l'État turc, le patriarche oecuménique Bartholomée 1er n’a nullement le droit de prendre une telle décision.

Il est toléré en Turquie dans la Phanar, c’est-à-dire le quartier grec d’Istanbul où se trouve le siège du patriarcat. Il est autorisé à porter le titre de patriarche oecuménique de Constantinople (et pas d’Istanbul), et à rester vêtu comme patriarche dans l’enceinte du patriarcat mais il doit se vêtir civilement hors les murs du patriarcat, (Traité de Lausanne 1923).

Une brèche ouverte vers la laïcité en Grèce ?

Et parallèlement à cette crise, la question de la séparation de l’Église et de l’État revient en Grèce ; un vœu "pieu" pourrait-on dire pour Alexis Tsipras, le Premier ministre grec qui se déclare athée, ayant prêté serment sur la constitution et non sur les Évangiles et n’étant pas marié à l’église, chose rare en Grèce.  

Tout commence le 6 novembre dernier par un accord entre le chef de l’église orthodoxe grecque et le Premier ministre. Un accord en 15 points permettant de "régler" la question des biens de l’Église : plus d’autonomie à l’Église, et point fort important en Grèce, les membres du clergé ne seront plus considérés comme des fonctionnaires. Les partisans de la séparation crient victoire, les fidèles ne pouvant imaginer la Grèce sans l’orthodoxie grecque sont révoltés.

Au-delà de l’accord

Séparation ou pas, il s’agit ici d’un réel casse-tête car les deux parties ont les mêmes intérêts politiques, économiques et surtout financiers, à égalité entre l’État grec et l’Église grecque. Donc le processus de séparation risque de durer bien longtemps car, hormis les intérêts croisés des deux parties, le cadastre grec n'est pas encore achevé, difficile ainsi de déterminer les biens fonciers de l'Église grecque orthodoxe sur le territoire grec, sans oublier d'autres biens que l'on retrouve par exemple à Jérusalem.

L’accord apparaît donc historique pour les uns, catastrophique pour les autres car il n’y aurait plus de "religion dominante" en Grèce… En fait, après le 6 novembre date que certains qualifient de "révolutionnaire", ce fut le tour du 16 novembre où une réunion de crise du Saint-Synode s'est opposée à la séparation de l’Église orthodoxe et de l’État grec.  

Les calendes n’ont jamais été grecques

Et si remettre aux "calendes grecques" signifie une hypothétique ou inexistante date à venir, il est vrai que plus rien n’est sûr aujourd’hui quant à la séparation de l’Église et de l’État en Grèce. Car le parlement devra décider, d'ici trois à quatre mois. Une période suffisamment longue pour l'Église, qu’elle va mettre à profit pour rameuter ses fidèles : investisseurs, capitaines d’industrie, politiciens et autres éminences grises qui lui sont très, très attachés. Difficile pour le jeune Premier ministre grec d’affronter une église qui a plus de 2 000 ans et beaucoup de savoir-faire.

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