Cet article date de plus de quatre ans.

Micro européen. Inébranlable et très conservatrice Pologne, souvent opposée à Bruxelles

Varsovie, un partenaire toujours bien éloigné de Bruxelles. 

Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Zbigniew Ziobro, Jaroslaw Kaczynski aet Jaroslaw Gowin, le 9 février 2018, lors d'une convention du parti conservateur nationaliste polonais "Droit et justice" (PiS).  (GETTY IMAGES)

La Pologne, d’une superficie de plus de 312 679 km2 et peuplée de 37,97 millions d’habitants est un état membre de l’Union européenne depuis 2004. 2015 a vu la victoire du parti de Jaroslaw Kaczynski le PiS, "Droit et Justice" en français. Le Président de la République est Andrzej Duda et Mateusz Morawiecki le premier ministre depuis 2017.

Depuis 1991, la Pologne est membre du groupe de Visegrad qui réunit aussi la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie, afin de mettre en place des collaborations entre ces quatre pays, tous membres de l’Union européenne et de l’Otan. En fait, si le groupe de Visegrad est une forme de contrepoids aujourd’hui face à Bruxelles, un autre groupe de Visegrad avait déjà vu le jour en 1335, quand les rois de Pologne, Bohême et Hongrie s’entendaient pour former une alliance contre les Habsbourg. On voit aujourd’hui que l’histoire a tendance à se répéter.  

Une Pologne très polonaise 

Comme l’explique notre invité, le journaliste Piotr Moszynski, correspondant du quotidien Gazeta Wyborcza, la très conservatrice Pologne souvent opposée à Bruxelles, tient surtout à bénéficier de la manne de l’Union européenne en s’éloignant par trop habituellement des préceptes européens. Avec une politique très nationaliste qui enseigne dès l’école le patriotisme polonais, Varsovie est régulièrement rappelée à l’ordre par les autorités européennes, pour exemple le refus polonais de participer à la gestion des migrants.

Les difficiles relations entre Varsovie et Bruxelles tiennent à la ligne droitière du PiS qui, au pouvoir, a entamé un début de réforme concernant la justice, point encore abouti, qui devait ensuite concerner les médias. Il en va de même concernant l’éducation sexuelle à l’école, ici s’agissant d’une loi qui punirait d’emprisonnement toute personne enseignant la sexualité, projet de loi soutenu par des groupes ultra-catholiques.  

La Pologne atlantiste 

Concernant ses relations internationales, la Pologne bien que membre de l’UE est très pro-américaine. Varsovie entretient d’excellents rapports avec Washington et en fait un partenaire privilégié. Elle compte énormément sur la défense américaine en cas de conflit pour la protéger. Pour preuve, l’achat d’avions de chasse par Varsovie qui opta pour des modèles américains, boudant le marché européen.

Il en va de même pour l’énergie. À l’heure où l’Europe possède sur son territoire de nombreux gazoducs, Varsovie envisage des livraisons maritimes de gaz américain pour le futur. En fait, l’intérêt polonais, pour l’instant, envers Bruxelles est très faible, et bien souvent, se fait prier quant au respect des politiques de l’Union.  

Un drôle de chef d’état 

Si Andrzej Duda est le président de la République polonaise, en fait, l’homme fort de la Pologne est toujours et encore Jaroslaw Kaczynski. Et les élus du PiS sont liés à Jaroslaw Kaczynski, car rien ne se fait sans son accord. C’est la raison pour laquelle, l’incontournable Jaroslaw Kaczynski, président du PiS est le maillon faible pour l’équilibre du pays. Sans Jaroslaw Kaczynski, qui tiendrait les rênes du pays, quelle figure politique pourrait le remplacer, une question sans réponse aujourd’hui.

Qui plus est, la "bonne santé" économique du pays est remise en question par nombre d’experts, qui verraient poindre à l’horizon un délicat futur économique et financier pour Varsovie. Ceci renforcé par de forts doutes quant à la participation financière et économique du gouvernement polonais, donc du PiS, donc de Jaroslaw Kaczynski, à la soi-disant bonne économie du pays.  

Quel printemps 2020 pour Varsovie ?

Les prochaines élections présidentielles, du printemps 2020, en Pologne seront décisives quant à l’avenir du pays pour la prochaine décennie. Soit le parti de Jaroslaw Kaczynski se maintient au pouvoir, soit l’opposition au PiS aura su s’unifier et trouver le bon ou la bonne candidate, et pourquoi pas Donald Tusk, l’ancien président du Conseil européen, opposant historique de Jaroslaw Kaczynski, pouvant détrôner l’indétrônable du PiS et ses amis.

Pour l’instant, une chose est plus que sûre en Pologne, accordant tout le pays, c’est "l’anti-poutinisme" partagé par toute la population, sauf que Washington est bien loin géographiquement de Varsovie.  

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.