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Micro européen. Brexit et insularité, isolement ou indépendance

Depuis le 1er janvier, le Royaume-Uni est sorti de la période de transition avec l'Union européenne.

Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Boris Johnson a porté le Brexit  (HOLLIE ADAMS / POOL)

Que dire aujourd’hui du Royaume-Uni en 2021, sorti de l’Union européenne le 31 décembre 2020 ?

Si en raison de l’épidémie, son produit intérieur brut a connu une baisse de 9,8% en 2020, des spécialistes s’accordent sur un rebond en 2021, peut-être en raison d’une vaccination menée tambour battant par le Premier ministre Boris Johnson, dépassant celle de l’Union européenne, ce qui, pour l’instant, conforte les "brexiters" dans leur choix. Il faut dire que le Royaume-Uni est, toutefois, partagé entre "pro" et "anti". Selon notre invité Philip Turle, les Britanniques en faveur du Brexit voient au loin la renaissance de l’Angleterre de la Reine Victoria, florissante, influente, puissante, quant aux opposants du Brexit, une seule question les taraude, comment faire face aux puissantes émergentes, y compris l’ancien allié américain. Car les attentes des uns et des autres concernant les Etats-Unis d’Amérique, sont les mêmes.

Le grand large toujours et encore ?

Si Winston Spencer Churchill, "Père" de l’Europe lui aussi, quand on pense à la conférence de La Haye en 1948, il n’était pas favorable à ce que le Royaume-Uni rejoigne le "Club des 6" à l’époque par ses mots  "je préfère le grand large au continent… ". Décidément le grand Winston ne faisait rien comme les autres, c’est aussi ce qui fait encore sa notoriété, et peut-être que sa part maternelle étant américaine, l’incitait plus à l’Atlantique Nord qu’à la Manche.

Pour l’heure, les Britanniques attendent toujours et encore l’accord commercial en le Royaume-Uni et les Etats-Unis, qui devrait aider à relancer l’économie d’Albion. Mais il se fait attendre, ce qui inquiète les Britanniques, car rien ne suppose les rassurer de l’ère Trump à l’ère Biden. Car le chemin sera long pour la Grande- Bretagne. Quitter l’Union européenne c’est partir pour un grand tour d’accords bilatéraux, d’abord avec les états membres de l’Union, puis les autres. C’est toute une stratégie à remettre à niveau, et on le sait bien à la City de Londres, "le temps c’est de l’argent". Sans oublier que des accords bilatéraux sont une base de négociation logique, mais peuvent aussi survenir des accords trilatéraux entre le Royaume-Uni, l’UE et un autre état par exemple, comme ce fut le cas dernièrement concernant les quotas de pêche en Mer du Nord entre Londres, Bruxelles et Oslo.

Billevesées ou coquecigrues ?

L’heure est, il faut une nouvelle fois le préciser, à la vaccination au Royaume-Uni plus performante qu’ailleurs. Ce qui, peut-être, donne des ailes au Premier ministre Boris Johnson. Car ses ambitions ne sont pas modestes, il s’en faut, mais il est vrai que plus c’est gros… Comme le défini un quotidien britannique, Boris Johnson s’appuie sur une visée d’une Grand-Bretagne superpuissance au format de poche.

En attendant les Etats-Unis comme on attendait Godot, le gouvernement britannique mise sur une politique extérieure en faveur d’une avancée Asie-Pacifique, à l’image de l’Amérique d’ailleurs, plus précisément une zone Indo-Pacifique, même si pour l’instant le maître du jeu local est la Chine et rien n’est encore fait entre Londres et Pékin, alors que le Premier ministre le laisse supposé, ce qui n’est pas le cas des experts d’outre-Manche.

Et ce qui reste une incompréhension dans nombre de Chancellerie, c’est une inflexible position anti-russe qui tourne par trop souvent à une phobie, voire une "névrose diplomatique" à l’heure où il ne faut négliger aucune pièce de l’échiquier. Apparaît aussi un concept "Johnsonie", le "Global Britain", avec une feuille de route comportant la lutte contre le réchauffement climatique, pour la biodiversité, la sécurisation des routes maritimes, l’espace, la cyber-sécurité, mais aussi le renforcement de la défense nationale comme puissance nucléaire. Tout ceci étant compris dans une politique étrangère à hauts frais, soit, retrouver la gloire, la puissance et l’influence passée. Mais comme le précise l’auteur britannique Michael Sadler, à l’humour très britannique, "on ne fait pas d’Hamlet sans casser des œufs ".

Alors insularité indépendante ou insularité isolée, l’avenir le dira pour les Britanniques.

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