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La revue littéraire européenne "Books" sera-t-elle être sauvée une nouvelle fois ?

La revue 'Books' trouvera-t-elle "un nouveau sauveur, ou les moyens de renaître une seconde fois, sous une forme ou sous une autre ?" C'est la question que pose sur le site du magazine, Olivier Postel-Vinay, directeur et fondateur de cette revue d'actualité par les livres.
Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
"Books", l'actualité par les livres. La revue littéraire est une nouvelle fois menacée de disparition, car le groupe Actissia est mis en liquidation. Le dernier numéro de janvier-février 2023 est consacré à l'art africain. Faut-il le restituer ? (BOOKS)

Books, le magazine des idées et de la littérature européenne, est une nouvelle fois menacé de disparition. "Le groupe Actissia étant mis en liquidation, le numéro de janvier-février, de cette revue, "Faut-il restituer l'art africain" est aussi le dernier" souligne Olivier Postel-Vinay, le fondateur et directeur de la revue. Il est l'invité de Micro européen. 

franceinfo : y a-t-il un petit espoir, ou c'est vraiment fini l'aventure de Books ? 

Olivier Postel-Vinay : Il y a deux ans, la société avait été liquidée. Et ça recommence aujourd'hui. Mais pas pour les mêmes raisons. C'est parce que le groupe qui avait acquis Books est lui-même liquidé. Donc on est pris dans la nasse de cette liquidation, ce qui n'exclut pas, peut-être, une renaissance ; ce n'est pas totalement impossible, mais cela suppose qu'il y ait des gens qui s'y intéressent.

Mais Books était quand même le grand rendez-vous de cette littérature européenne et internationale. On savait ce qui était édité en Europe, en tant que romans, en tant qu’ouvrages scientifiques aussi. Et ce n'était pas seulement ça, c'était aussi le magazine des idées ? 

Oui, c'est principalement un magazine centré sur les essais, même si nous parlons aussi de romans, mais plutôt dans la mesure où les romans nous donnent des idées. Et c'est un magazine international qui est fondé sur l'analyse de livres parus dans le monde entier, mais notamment en Europe. Et nous avions où nous avons, je ne sais pas s'il faut parler au passé, d'excellents correspondants concernant l'Europe centrale, l'Allemagne, la République Tchèque, la Pologne.

Et c'est important de se mobiliser parce que c'est le seul, c'est l'unique. Et je le redis, c'était un vrai rendez-vous mensuel ?

Oui, on a reçu plein de lettres de soutien récemment, par exemple : "J'oserais un 'tout fout l'camp', dit un lecteur, pour décrire ce que je ressens. Mais ne baissons pas les bras, la culture passera, et vous reviendrez sous une autre forme, un autre format, avec un autre projet et porter la voix".

C'est quelque part aussi une lumière qui nous éclaire…

Oui, c'est d'ailleurs une formule qu'on retrouve souvent dans les lettres de lecteurs. Par exemple, "une respiration dans un monde qui frise l'asphyxie".

Olivier Postel-Vinay, beaucoup de gens se sont mobilisés ? 

Beaucoup de gens se sont mobilisés. Il y a un comité de soutien prestigieux, dont celui d'Annie Ernaux. Et évidemment, j'espère qu'on trouvera soit un groupe de presse ou un groupe d'édition, soit un mécène qui fera le geste culturel nécessaire, parce qu'il s'agit d'un geste culturel.

Dans votre comité de soutien, on trouve une soixantaine de personnalités comme Claude Askolovitch, Olivier Barrot, Jérôme Clément, Jean-Philippe Domecq, Annie Ernaux, le prix Nobel de littérature, Eric Fottorino, Dan Frank, Jean-Noël Jeanneney, Philippe Meyer, Gérard Mordillat, Françoise Nyssen, Natacha Polony, Robin Renucci, Alain-Gérard Slama, Emmanuel Todd, Olivier Weber, Michel Winock.

Et vous avez raison, c'est un geste culturel parce que, ce que vous nous apportez, c'est une information que l'on ne connaît pas, c'est-à-dire l'édition. Qu'est-ce qui est édité ailleurs ? Parce qu'il est vrai que quelque part aujourd'hui, on vit dans une période très anxiogène, une période aussi d’hubris, on a besoin de ce rendez-vous. C'est une bouffée d'oxygène.

Oui, tout ce qui est édité ailleurs, les livres qui paraissent dans le monde et qui entrent en résonance avec nos préoccupations, mais qui nous éclairent aussi sous un angle – un bon exercice de l'esprit critique – qui est fondé sur le croisement des regards vers le monde extérieur, et sur les idées beaucoup plus variées et beaucoup moins orthodoxes qu'on ne l'imagine, et comme nous les présentent souvent les médias.

C'est vraiment l'idée d'aller au-delà du maelström, du zapping Internet, au-delà des apparences, pour montrer qu'il y a matière à penser plus profonde, mais aussi relativement plus facile d'accès qu'on pourrait l'imaginer, à partir des livres qui paraissent dans le monde, et à partir d'articles de haut niveau parus à propos de ces livres, et écrits par les auteurs de livres. Avec de fabuleux traducteurs, dont une bonne partie maintenant fait partie intégrante de l'équipe de Books.

Les écrivains aussi, comme Baptiste Touverey, journaliste et traducteur ? 

Bien sûr, qui est un pilier, il est à la fois normalien, germaniste, romancier et traducteur.

Et puis l'attrait de Books, même si Books était sur Internet, bien évidemment, c'était aussi le Books papier que l'on allait acheter ? 

Il y a un attachement, une fidélité. Contrairement à ce qu'on pense souvent, il y a des lecteurs qui préfèrent le papier, parce qu'avec le papier, on peut se poser, on peut réfléchir, on n'est pas obligé d'aller vite.

C'est fait pour tout le monde, ça s'adresse à tout le monde ? 

En fait, c’est un très vaste éventail de personnes représentatives de la population française, curieuses d'esprit, et soucieuses d'indépendance.

Olivier Postel-Vinay, nous allons donner un contact à ceux qui veulent vous écrire parce que Books va disparaître. Mais non, il faut quand même que Books renaisse.

Une adresse : courrier@books.fr.                                                                            

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