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Espagne : une année d'élections, un pays coupé en deux politiquement

"Micro européen" poursuit son tour des pays européens en ce début d'année 2023. Comment les Européens abordent-ils cette nouvelle année ? Aujourd'hui l'Espagne, avec le journaliste correspondant à Paris, Juan Jose Durado.
Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
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Madrid, vue aérienne. Comment les Espagnols se sentent-ils en ce début 2023 ? (Illustration) (HOWARD KINGSNORTH / STONE RF / GETTY IMAGES)

Comment les Espagnols se sentent-ils en ce début d'année 2023 ? Micro européen continue de prendre le pouls des pays européens et reçoit aujourd'hui le journaliste espagnol correspondant à Paris, Juan Jose Durado. 

franceinfo : Comment se sentent vos compatriotes de la péninsule ibérique en ces premiers jours de l'année 2023 ? 

Juan Jose Durado : Alors j'aurais envie de dire qu'ils ont de l'espoir. Mais dire qu'ils ont de l'espoir, ça veut dire, quelque part, qu'il y a du désespoir. Oui, déjà, il y a l'histoire de l'énergie et de ce système ibérique particulier, à l'espagnole, où on est un peu indépendants. Il y a cette décision qui a été prise au mois de décembre dernier, par le gouvernement, qui réduit à zéro la TVA sur un certain nombre de produits de première nécessité.

Tout d'abord, le pain, la farine pour faire le pain, mais aussi les céréales, les légumes, les œufs, le lait. Donc, voilà un certain nombre de produits dont la TVA est déjà réduite, et tombe à zéro pendant six mois. Ça montre effectivement que les Espagnols, même si le coût de l'énergie a été moins élevé peut-être que par ailleurs, continuent à souffrir. Et c'est une mesure prise jusqu'au 30 juin prochain par le gouvernement.

Est-ce que ce n'est pas une manœuvre électorale parce que les élections commencent ?

Alors voilà, on peut supposer que c'est une manœuvre électorale, et c'est quelque chose de très particulier. Et vous avez raison, l'Espagne va vivre une année électorale 2023 avec des élections au mois de mai, municipales et régionales, et on sait l'importance des régions en Espagne, les gouvernements autonomes, ces fameuses provinces autonomes. Dont 13 ou 14 vont
effectivement avoir à élire leur parlement. Et puis, à la fin de l'année, si elles ne sont pas avancées, les élections générales, donc les législatives.

Donc vous dites, est-ce que c'est une mesure électorale ? Oui, on peut le comprendre. Et tout un tas d'autres mesures qui ont été prises ces dernières semaines par le gouvernement. Mais ce qui est vrai aussi, c'est que l'inflation en Espagne au mois de juillet-août, était légèrement supérieure à 10% et elle a baissé ces derniers mois. Mais on reste avec une inflation qui est au moins trois ou quatre fois supérieure à celle que vous vivez en France.

Et en plus une Espagne, politiquement aujourd'hui coupée en deux vraiment, droite, droite et gauche, gauche ? 

Droite, droite et gauche, gauche. Le centre n'existe plus en Espagne via Ciudadanos qui était ce
qu'on appelait le centre, c'est-à-dire la droite, catalane entre autres. C'est un parti qui est né en Catalogne, alors ce centre était encore représenté au Parlement. Mais toutes les estimations électorales disent qu'il va disparaître.

C'était le parti de Manuel Valls...

En quelque sorte, vous avez tout à fait tout à fait raison, mais vous avez dit "droite, droite, gauche, gauche". Mais il faut savoir qu'à l'intérieur de la droite, elle est divisée entre Vox qui, l'extrême droite et le Parti populaire. Mais du côté de la gauche, entre le Parti socialiste et Podemos, il y a aussi des divisions internes assez importantes. Donc effectivement, le panorama politique espagnol aujourd'hui est très éclaté. Vous savez, on a 16 partis représentés au Parlement espagnol.

Mais c'est vrai que l'Espagne vit des moments économiquement difficiles, avec un chômage qui est autour de 13-14%, avec une inflation autour de 7-8%, et puis une économie qui est mal en point, c'est une réalité. C'est pour ça que je disais que les Espagnols veulent voir en 2023 une année d'espoir. Mais on sait que les années électorales, souvent, amènent du désespoir aussi. 

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