Elections législatives en Pologne : quel sera le futur gouvernement ?
Micro européen se penche sur les récentes élections législatives du 15 octobre dernier en Pologne. Décryptage avec le journaliste polonais, correspondant du quotidien "Gazeta Wyborcza", Piotr Moszynski.
franceinfo : Concernant ces dernières élections, ce qui a été très important c'est le taux de participation, surtout des jeunes et des femmes ?
Piotr Moszynski : Absolument, car ces deux électorats étaient assez muets pendant les élections précédentes. On savait que le parti au pouvoir, le PIS, Droit et Justice, jouait tout le temps pratiquement contre ces deux électorats, en favorisant plutôt l'électorat plus âgé, les intérêts des retraités et aussi beaucoup de social dans la politique de Droit et Justice.
Donc aujourd'hui, avec ce résultat, c'est la fin de huit ans de gouvernement du PIS, du parti populiste de Jaroslaw Kaczynski, puisque les résultats montrent que la coalition civique de Donald Tusk, ex-président du Conseil européen, le parti La troisième voie et la gauche ont gagné les élections.
Aujourd'hui, le président de la République, Andrzej Duda proche du PIS, parti populiste nationaliste, qu'en est-il du futur gouvernement ? Andrzej Duda va-t-il confier le gouvernement au vainqueur ou garder un gouvernement de Droit et Justice ?
La situation du point de vue du président est assez compliquée, dans la mesure où si on regarde la classification par parti qui sort des urnes, c'est Droit et justice qui est en tête. On ne parle pas de coalition, on parle de partis. Donc ce qui est en tête c’est Droit et Justice. Donc, selon la Constitution, le président a tout à fait le droit de confier la formation du gouvernement au leader du parti qui est vainqueur des élections dans cette classification par parti.
Donc, on ne tient pas compte de la coalition civique de Donald Tusk, La troisième voie, soit les chrétiens-démocrates et la gauche, ils remporteraient 249 sièges, alors que le parti Droit et Justice et son allié potentiel, l'extrême droite, dite la Confédération, obtiendrait 211 sièges ?
Voilà, c'est exactement ça. Maintenant, évidemment, on ne pourra pas reprocher au président Duda s'il concède, selon la Constitution, qu'il se tourne vers son parti d'origine, Droit et Justice, pour confier la formation du gouvernement à ce parti.
Mais ça serait une situation intenable ?
Absolument. Comme le gouvernement minoritaire tomberait tout de suite et n'aurait pas le vote de confiance du Parlement, évidemment, ce serait intenable, infaisable. Mais peut-être, en fait, Andrzej Duda tiendrait à faire un geste politique envers son camp d'origine.
Mais jusqu'à quand cette situation va-t-elle durer ?
Il est possible que, le président montrera un peu plus de réalisme, il va contacter les partis de coalition prêts à prendre le pouvoir. Donc, il va peut-être se tourner vers eux, mais ce n'est pas sûr dans la mesure où Droit et Justice, qui sait avoir perdu les élections, sait aussi qu'il a besoin de beaucoup de temps pour cacher certaines choses, détruire des documents qui seraient compromettants pour lui, une fois la nouvelle coalition arrivée au pouvoir de façon stable.
Reprenons le calendrier. Quand voyez-vous la formation d'un gouvernement à Varsovie alors ?
Au plus tôt, dans quelques semaines, au plus tard mi-janvier. Ça dépend des procédures déclenchées par le président de la République, qui a en main pratiquement tous les atouts et tous les instruments. Surtout d'agir, soit pour retarder la création du gouvernement de l'opposition actuelle, soit d'accélérer ce processus. Tout le monde espère qu'il se comportera tout simplement en homme et reconnaîtra la réalité qu'il a devant ses yeux. Mais rien n'est sûr.
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