Allemagne : focus sur les prochaines élections en Bavière, le 8 octobre
Le 8 octobre prochain, ce sont les élections en Bavière. Et ce qui est intéressant c’est que nous allons voir un parti politique qui est méconnu en France, ce sont les Freie Wähler, les électeurs libres, la traduction en français. Freie Wähler, ça a été une association d'électeurs qui s'appelait Wähler Gruppe, et en 2009 s'est transformée en parti politique. Entretien avec Kai Littmann, directeur du site du quotidien franco-allemand du Rhin Supérieur, eurojournalist.eu.
franceinfo : On peut dire quelque part, que les Freie Wähler, les électeurs libres, c'est le parti paysan, c'est le parti du local ?
Kai Littmann : Oui, c'est un parti conservateur qui est loin de l'extrême droite, qui se situe en Bavière, un peu entre les conservateurs de la CSU et l’AFD, pas du tout extrémiste, qui a ses fiefs à la campagne. Il y a une très grande différence, en Bavière, entre le comportement électoral dans les grandes villes comme Munich, Würtzburg, Regensburg etc., qui sont traditionnellement plutôt de gauche, tandis que la campagne en Bavière, est très radicalement à droite.
Et les Freie Wähler se sont vraiment mis dans une niche qui fonctionne très bien. Ils ont fait un très bon mandat parce qu'ils sont, pour la première fois, dans le gouvernement de Bavière, avec la CSU.
Ils sont en coalition en ce moment avec Markus Söder, le ministre président de Bavière ?
Tout à fait, ils jouent un rôle absolument important. Ils sont en train d'exploser les sondages, et on sait déjà aujourd'hui que la coalition CSU-Freie Wähler va continuer après le 8 octobre.
Les Freie Wähler sont représentées dans tous les Länder allemands, mais surtout en Bavière, dans le Brandebourg et la Rhénanie-Palatinat. Ces Freie Wähler qui sont en coalition aujourd'hui avec la CSU bavaroise. On peut dire que c'est un tampon contre l'AFD ?
Oui, tout à fait. L'AFD, qui actuellement se situe à la deuxième place des forces politiques au niveau national, n'est que quatrième en Bavière, où les Freie Wähler se sont installés à une confortable deuxième place, derrière la CSU.
Sans oublier qu'ils ont deux députés européens, et nous allons entrer dans l'année des élections européennes. L'intérêt des Freie Wähler, c'est le local, les intérêts locaux. C'est peut-être ça qui fait leur succès, parce qu'ils ne sont pas présents dans les villes ?
Oui, tout à fait. C'est très intéressant, parce qu'ils ont fait un mandat en Bavière, ils se sont occupés de la refonte d'une cour de récréation dans un village, et d’un contournement d’un autre village. Ils se sont vraiment occupés des soucis des gens sur le terrain, surtout à la campagne. Ils sont très ancrés dans le monde agricole. Le patron du parti, Hubert Aiwanger, est agriculteur lui-même. Donc, on a l'impression que ce sont des gens qui savent de quoi ils parlent, et qui mettent la main à la pâte, là où il faut.
C'est vrai que souvent, les têtes de liste des Freie Wähler, ce sont des agriculteurs. Et justement, leur démarche, c'est de dire : "bon, moi, si je ne suis pas élu, je m'en fiche. Je retourne dans ma ferme"
C'était une phrase très célèbre d’Hubert Aiwanger qui a dit : "Si jamais je ne suis pas réélu, eh bien, je retourne à ma ferme, et je continue mon travail comme j'ai toujours travaillé". Ça donne une crédibilité auprès d’un électorat en Bavière, qui est très campagnard. Les gens ont l'impression que ce sont des gars comme nous, et ça fait leur succès.
Alors pour l'instant, ils ne sont pas représentés au Bundestag au niveau fédéral, mais peut-être chemin faisant ?
Oui, je pense aussi. Lors des prochaines législatives, les Freie Wähler risquent de jouer un rôle parce que, justement, ils représentent une alternative entre les partis traditionnels qui sont considérés comme pas assez efficaces, trop mous, et les partis extrémistes qui font quand même de plus en plus peur. En Allemagne, avec une AFD qui s'est définitivement installée dans le paysage politique ; et qui est élue par des gens qui ne sont pas des extrémistes eux-mêmes. Mais faute d'alternative, il y a beaucoup de gens qui votent pour l'AFD.
Du coup, il y a les Freie Wähler qui se présentent, qui ne sont pas extrémistes, qui sont proeuropéens, qui s'occupent des problèmes des gens sur place, qui maintiennent certaines valeurs dans une sorte de conservatisme, qui cherche à conserver des valeurs. Toute l'Allemagne regarde avec une certaine stupéfaction la montée des Freie Wähler en Bavière. Et on se rend compte partout en Allemagne, qu'il peut y avoir des alternatives entre les partis traditionnels et les partis extrémistes. Donc, je pense que oui, les Freie Wähler correspondent aux attentes de beaucoup d'électeurs.
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