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Le sous-titrage, l'envers de l'écran

Regarder une série, c'est parfois en devenir fan. En parler avec d'autres qui partagent la même passion. Mais cela peut aller au-delà. Certains amateurs proposent, de manière bénévole et à titre gratuit, des sous-titres quelques heures après la diffusion de leur programme favori aux Etats-Unis. Une pratique critiquée par les "sous-titreurs" professionnels.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La barrière de la langue demeure en France un obstacle réel pour les spectateurs de séries télé. La VF continue d'avoir la préférence des chaînes mais peu à peu se développe la VOSTF avec ce problème épineux : comment disposer de sous-titres fiables en français afin de pouvoir consommer ses fictions favorites en se calant sur l'heure américaine, ou plutôt en les regardant avec un décalage temporel le plus restreint possible ? La question a trouvé une réponse spontanée sur internet.

Des communautés d'amateurs d'une ou plusieurs séries se mobilisent pour proposer dans un temps record une version sous-titrée des épisodes diffusés sur les chaînes américaines. Ce sont les "fan subbers " (les fans sous-titreurs). Ce travail particulièrement chronophage est le fruit d'une collaboration d'équipes, qui récupèrent les fichiers, les traduisent, les calent correctement pour que les images correspondent au texte et les mettent en ligne pour le plus grand nombre.

Leur seul souci est le partage. Faire connaître la série qu'ils affectionnent au plus grand nombre, assurer sa popularité, en faciliter au maximum l'accès.

Ces propositions spontanées ont mis les diffuseurs dans l'embarras. Ces derniers proposent de plus en plus de suivre les séries à H+24, autrement dit le lendemain de leur apparition sur les petits écran de l'autre côté de l'Atlantique. Mais compte tenu du laps de temps limité, cela impose une organisation car si ces programmes sont proposés en VO, ils ont besoin d'être accompagnés de sous-titres pour être consommés de manière acceptable par les spectateurs.

Car il est vrai que certains sous-titres amateurs manquent parfois de rigueur. La faute à la rapidité dans l'exécution, au manque de maîtrise de l'anglais ou à d'autres contingences. Malgré tout, les offres présentes sur plusieurs dizaines de sites spécialisés dans ce domaine sont le plus souvent d'une qualité remarquable compte tenu des conditions de production.

En creux, les fan subbers ont mis en lumière un problème particulier à notre pays : la chronologie des médias. Celle-ci ne peut plus être appliquée dans la forme qui est la sienne aujourd'hui. Les temps de latence ne cessent de se réduire. Une série diffusée le dimanche aux Etats-Unis doit pouvoir être vue le lendemain en France.

Pour pouvoir rivaliser avec les fan subbers (certaines équipes bénévoles sont très bien organisées et surtout très efficaces), les diffuseurs vont devoir mettre les bouchées doubles, et sans doute investir : face à la concurrence, la carte qu'ils ont à jouer est celle d'une meilleure qualité et d'une meilleure accessibilité pour un coût réduit. Car la principale force des amateurs est que leur offre est entièrement gratuite et d'un niveau suffisant, surtout quand les sous-titres ne sont là que comme une béquille et que l'essentiel des dialogues est compris immédiatement par le public.

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