Jean-Louis Etienne : "Après mai 68, on n'a pas assez rebâti"

En mai 68, Jean-Louis Étienne est au cœur de la révolte étudiante : "Je me suis impliqué avec ferveur (...) Les réunions dans les amis, l'ébullition dans la réflexion... Et à un certain moment, je me suis demandé ce que je faisais là ".

Le jeune homme prend alors ses distances : "J'avais besoin de travailler. J'ai donc quitté le front pour travailler à l'hôpital. Je me suis rendu compte que je n'avais pas un engagement politique fort au sens politique du terme ". A l'hôpital, loin des amphis, Jean-Louis Étienne trouve une autre forme d'engagement. Jeune chirurgien, il s'épanouit.

Quel est aujourd'hui son regard sur Mai 68 ? "Il était indispensable de le faire mais on n'en a peut-être pas tiré le meilleur (...) On n'a pas mis en place la discipline pour un renouveau (...) On n'a pas mis en place les réseaux qui permettent à la jeunesse, c'est-à-dire aux enfants des parents de Mai 68 de dire : 'Oui, ils ont cassé un truc, mais derrière ils ont bâti quelque chose'. On n'a pas tracé une voie structurée derrière cette révolution ".

Jean-Louis Étienne prépare en ce moment sa prochaine expédition : sa plate-forme océanographique Polar Pod va parcourir l'océan Austral en dérivant autour de l'Antarctique : "Ce vaisseau va me succéder. Le Polar Pod va permettre à des chercheurs de résider sur cet océan Austral ", à un coût réduit. "Cet océan est immense, inconnu. Le Polar Pod va donner accès à tous les chercheurs".