Une étude scandinave a établi que la proportion de sujets àlunettes est plus élevée dans les groupes à haut niveau intellectuel. (Lacomparaison portait sur 6.000 enfants à lunettes, face à 10.000 enfants ayant unevision normale.) Pourquoi une telle injustice ? Est-ce qu'une forteactivité neuronale nuirait à l'acuité visuelle ? Inversons les causes et lesconséquences : les "bigleux" compenseraient-ils leurs carences par ledéveloppement des méninges ? En réalité, de sournois dangers guettent l'intellectue l,plus durables qu'une prise de position désastreuse (il lui suffira de secontredire dès le lendemain). Des dangers non pas cérébraux, maisoculaires. D'abord la myopie : bien voir de près, mais mal de loin. Uneattention trop prolongée et le rapprochement excessif du nez sur la feuillesont les deux premières causes de sa progression. La myopie provoque une pertede l'équilibre oculomoteur. Pire : l'œil myope tend à diverger. En clair : àloucher vers l'extérieur (Sartre vous le dirait). L'hypermétropie , maintenant. Schématiquement, la visionn'est bonne ni de près, ni de loin, mais plus défectueuse encore de près que deloin. L'hypermétropie se révèle plus tardivement que la myopie, au sortir del'adolescence, en général en pleine révision du bac. Enfin vient la presbytie . L'œil du penseur se fatigue àdistinguer les petits caractères d'imprimerie. L'élasticité du cristallindiminue, il doit prendre la courbure nécessaire au prix d'un effort du musclechargé de cette accommodation. La cause en est l'excès de travail, surtout lanuit, à la lumière jaunie d'une faible lampe (alors que l'inspiration vient).L'encyclopédie Larousse donne dans le tragique : "Les lettres se brouillent,les yeux rougissent et pleurent, des maux de tête peuvent se produire ". Bref. Comme la pile Wonder, l'œil s'use si l'on s'ensert. Voilà pourquoi, dès le collège, les premiers de la classe trimballaientsouvent des lunettes. Ainsi les intellectuels s'abiment davantage les yeux. Onen connait même de célèbres qui ont la vue passablement brouillée. Jusqu'à preuve du contraire.