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Pourquoi les Indiens d’Amazonie ne se perdent-ils pas dans la forêt vierge ?

Ce prodige a toujours frappé les visiteurs du monde dit "civilisé", qu’ils soient missionnaires, chercheurs d’or ou scientifiques. Les Indiens d’Amazonie partent à l’aube chasser dans la jungle. Ils rentrent à la nuit tombée, parfois le lendemain. Sans se perdre...
Article rédigé par Philippe Vandel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (© Fotolia)

Ils ont marché des heures et des heures. Et ils finissent toujours par retrouver leur foyer. Pourtant, il n’existe pas sur la planète de végétation plus dense que la forêt amazonienne. Pas de clairières, pas de chemins, à peine quelques sentiers ici et là.

Les indigènes n’ont pas de carte et ils ne connaissent pas l’écriture, encore moins le GPS

Regarder le ciel ? On le voit à peine, tant est compacte la canopée, la cime des arbres. Et allez repérer la grande ourse en plein jour ! Semer des petits cailloux ? Impossible. Il leur faudrait des sacs de gravier, vu la longueur du trajet, et ils sont déjà un peu chargés.

Certes, c’est leur milieu naturel, mais ça ne suffit pas. Ajoutons que beaucoup de tribus sont nomades. Elles passent d’un territoire à l’autre au gré des semaines ou des années. Toute la géographie est à réapprendre à chaque fois. Alors ? C’est une affaire de mots. Les tribus ne parlent pas la même langue, loin de là, mais elles ont un point commun : un vocabulaire très riche pour décrire leur environnement. Elles ont développé un immense lexique en zoologie et en botanique.

Du plus clair au plus foncé. Certains dialectes ont 50 ou 60 pronoms pour préciser la forme ou le toucher d’un tronc ou d’une feuille : long, court, plat, sphérique, cylindrique, en réseau, etc. Ce qui ne s’énonce pas ne se différencie pas. Pour se retrouver quelque part, il faut être capable de décrire cet endroit. Les Indiens peuvent prendre des repères extrêmement précis, et ainsi mémoriser des itinéraires. Ce qui nous nous apparaitrait comme un enchevêtrement uniforme de végétation verte, eux le décomposent en éléments signifiants. Un peu comme lorsque vous êtes dans une ville inconnue dans un pays dont vous ne parlez pas la langue. Vous mémorisez le chemin pour revenir à votre hôtel : un restaurant en terrasse, puis un bureau de tabac, puis une bijouterie, puis la poste, enfin une fontaine. Ensuite pour revenir, fastoche : la poste, la bijouterie, le tabac, la terrasse, l’hôtel. Et les virages à gauche deviennent des virages à droite. Et vice versa.

Jusqu’à preuve du contraire...

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