Pourquoi les Égyptiens momifiaient-ils leurs morts ?
Cela tombe sous le sens : c'est parce qu'ils croyaient à la réincarnation.
La
réincarnation ? S'ils y avaient cru dur comme fer, pourquoi pratiquer
la momification, avec potions balsamiques de jouvence, cristaux de soude
carbonatés, bandelettes, service religieux et tout le trafic ? Il leur
suffisait de laisser les défunts en l'état, et d'attendre sans souci
qu'ils se réincarnent...
C'était sans compter les quatre enveloppes. Oui, les 4.
Les
Égyptiens décomposaient - c'est le cas de le dire - le corps humain en
quatre éléments distincts : l'enveloppe charnelle, l'âme, l'ombre, et ce
qu'ils appelaient l'akh (prononcer ar), qui était en quelque sorte la
personnalité de l'individu. Les croyances religieuses indiquaient
qu'après le trépas, ces quatre éléments avaient une fâcheuse propension à
partir folâtrer dans des directions différentes.
Or, une bonne
réincarnation n'était possible que si les quatre composantes étaient
rassemblées. Les Égyptiens pensaient que l'enveloppe charnelle intacte
empêchait les trois autres éléments (l'âme, l'ombre et l'akh) de partir
dans une mauvaise direction ; un peu comme l'aluminium conserve la
saveur du poisson cuit au four en papillote. Du coup, ils se faisaient
momifier afin de conserver la plus grande intégrité corporelle. Ils se
voulaient étanches, quoi...
Si la famille du disparu n'était pas
assez riche pour le momifier, ou si l'embaumement n'avait pas été
effectué selon les règles, les survivants craignaient le pire. Non pas
que le défunt ressuscite, mais qu'il subisse une mauvaise réincarnation.
Par exemple, qu'il se réincarne sans ombre.
Ne
riez pas. La crainte était fondée. Mal sertie dans son enveloppe,
l'ombre pouvait filer vers une destination opposée à celle des trois
autres éléments. Le malheureux serait revenu à la vie sans que son ombre
ne le suive.
Tout est relatif. Un drame pour les Égyptiens. Le fond de commerce de Lucky Luke.
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