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Pourquoi la cuisine bretonne comporte-t-elle si peu de plats à base de poisson?

Faites le test. Demandez qu'on vous cite les grands classiques de la cuisine bretonne. En général, on vous répondra : le Kouign Amann, qui est un gâteau, le far breton, le gâteau nantais, la crêpe, la galette, la galette saucisse, l’agneau de pré salé, l’andouille et l’andouillette, le kig-ha-farz, qui s’apparente au pot-au-feu. Et en prime le plateau de fruit de mer.
Article rédigé par Philippe Vandel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
  (Pourquoi la cuisine bretonne comporte-t-elle si peu de plats à base de poisson ? © Fotolia)

 A part chez les connaisseurs, pour le commun des mortels, il n’y a quasiment aucun plat de poisson reconnu comme typiquement breton, comme la bouillabaisse, qui est une invention méridionale ou la brandade de morue, une spécialité portugaise. C'est d’autant plus étrange que les Bretons ont une immense tradition et réputation de pêcheurs : il fut un temps parait-il où ils ramenaient dans leurs filets la moitié du cabillaud de tous les océans du monde (je l’indique pour les plus jeunes : la morue et le cabillaud sont le même animal).

Pourquoi la cuisine estampillée bretonne est-elle faite avant tout de céréales, de produits laitiers, de fruits et de légumes et de viandes, et si peu de produits de la mer ? Le grand cuisinier breton, Olivier Roellinger, trois fois étoilé par le Michelin, spécialiste du poisson et des épices (il est installé à Cancale), répond : "Le plateau de fruits de mer est une invention parisienne. Le Celte ne mange pas la mer. Pour deux raisons :  parce qu’il pense que le mal (l’Enfer) se trouve dans les abysses, alors que les croyances judéo-chrétiennes pensent qu’il se situe au fond de la terre, avec le feu. La deuxième raison est que depuis le Xe et XIe siècle, il va pêcher la morue en Atlantique Nord, et que toutes les femmes ont porté le deuil après avoir perdu un mari, un frère, un fils. Il était alors hors de question de manger l’animal qui aurait pu dévorer l’être cher."  

C’est ainsi, la Bretagne n’a jamais été exclusivement tournée vers la mer. Ironie de l’histoire : il en va de l’immobilier comme de la gastronomie. Autrefois, les maisons qui avaient le plus de valeur étaient celles situées dans les terres, les constructions en bord de mer étaient moins prisées car battues par les vents. Mais quelques décennies plus tard, au moment de la lecture du testament, il est arrivé que des familles se déchirent car le fils aîné était furieux que ce soit son cadet ou sa cadette qui ait hérité des maisons face à l’océan, dont les prix se sont envolés.

Les premiers seront les derniers. 

Jusqu’à preuve du contraire…

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