Cela remonte à l'Antiquité grecque, où les parentspréféraient avoir un garçon plutôt qu'une fille. Car les garçons travaillaientet participaient aux revenus de la famille. A l'inverse, avoir une fille étaitpénalisant : outre de ne pas disposer de la même force physique, requisenotamment pour le travail des champs, les filles coûtaient cher. Il fallaitéconomiser pour lui fournir une dot lors de son mariage. En conséquence, avoir un garçon était considéré comme béni des Dieux. Aussi luiassociait-on la couleur bleue, couleur du ciel, résidence des Dieux.En Europe, c'est au Moyen-Âge qu'apparaissent les premierstrousseaux spécifiques pour les bébés. Oh surprise ! Le bleu, couleurdivine de la Vierge Marie, est associé aux filles tandis que le rose, qui n'estqu'un rouge pâle, est dévolu aux garçons. Si la rose, la fleur signifiantl'amour, est une valeur attribuée aux femmes, le rose, lui, est perçu commeviril. Il n'y a qu'à voir la couleur rose des bas de chausse des chevaliersmédiévaux. Puis, remous de l'histoire, le blanc, image de la pureté etde l'innocence, prédomine pour les deux sexes. De même que la robe que lesenfants portent indistinctement jusqu'à l'âge de six ans. Au XVIIIe siècle, la tradition antique fait son retour enoccident. A l'apogée des Lumières, la Grèce et son modèle de démocratie constituentpour les penseurs de l'époque une référence absolue. C'est alors quemadame de Pompadour entre en piste. Philippe Rouet, un peintre belge, a mis aupoint une innovation technique et artistique, il a inventé un nouveau rose surla porcelaine de la manufacture royale de Sèvres. La favorite de Louis XVs'entiche de ce rose, d'une finesse exquise, et la Cour avec elle. La marquisede Pompadour l'impose partout à Versailles, notamment sur les tenues despetites filles, mais aussi les couvre-lits et même les pots de chambre !Désormais, le rose est associé aux valeurs féminines : beauté, douceur,fragilité. Les clichés ont la vie dure. Jusqu'à preuve ducontraire.