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Pourquoi associe-t-on le rose aux filles et le bleu aux garçons ?

Cela saute aux yeux en subissant les publicités pour les jouets de Noël : ils sont roses pour les filles, bleus pour les garçons, très souvent, et en tout cas jamais roses. D'où vient cette distinction de couleurs? Vous pensez que c'est une tradition sexiste ? Vous avez raison !
Article rédigé par Philippe Vandel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (©)

Cela remonte à l'Antiquité grecque, où les parents
préféraient avoir un garçon plutôt qu'une fille. Car les garçons travaillaient
et participaient aux revenus de la famille. A l'inverse, avoir une fille était
pénalisant : outre de ne pas disposer de la même force physique, requise
notamment pour le travail des champs, les filles coûtaient cher. Il fallait
économiser pour lui fournir une dot lors de son mariage. En conséquence, avoir un garçon était considéré comme béni des Dieux. Aussi lui
associait-on la couleur bleue, couleur du ciel, résidence des Dieux.

En Europe, c'est au Moyen-Âge qu'apparaissent les premiers
trousseaux spécifiques pour les bébés. Oh surprise ! Le bleu, couleur
divine de la Vierge Marie, est associé aux filles tandis que le rose, qui n'est
qu'un rouge pâle, est dévolu aux garçons. Si la rose, la fleur signifiant
l'amour, est une valeur attribuée aux femmes, le rose, lui, est perçu comme
viril. Il n'y a qu'à voir la couleur rose des bas de chausse des chevaliers
médiévaux. 

Puis, remous de l'histoire, le blanc, image de la pureté et
de l'innocence, prédomine pour les deux sexes. De même que la robe que les
enfants portent indistinctement jusqu'à l'âge de six ans. 

Au XVIIIe siècle, la tradition antique fait son retour en
occident. A l'apogée des Lumières, la Grèce et son modèle de démocratie constituent
pour les penseurs de l'époque une référence absolue.  C'est alors que
madame de Pompadour entre en piste. Philippe Rouet, un peintre belge, a mis au
point une innovation technique et artistique, il a inventé un nouveau rose sur
la porcelaine de la manufacture royale de Sèvres. La favorite de Louis XV
s'entiche de ce rose, d'une finesse exquise, et la Cour avec elle. La marquise
de Pompadour l'impose partout à Versailles, notamment sur les tenues des
petites filles, mais aussi les couvre-lits et même les pots de chambre !
Désormais, le rose est associé aux valeurs féminines : beauté, douceur,
fragilité. 

Les clichés ont la vie dure.  Jusqu'à preuve du
contraire.

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