Les Pourquoi. Pourquoi les sondages se trompent-ils si souvent ?
Mardi soir, c’est la Nuit Américaine. Franceinfo suivra heure par heure l’élection du 45e président américain (ou présidente). Personne ne peut prédire l'issue du scrutin.
Mais rappelez-vous qu’Hillary Clinton était encore récemment présentée comme imbattable ; au point que le président Hollande a officiellement déclaré il y a trois semaines : "Une présidente va être élue aux Etats-Unis". Hollande justement, il était donné battu dans les sondages de la primaire socialiste. On connait la suite. Arnaud Montebourg devait y faire un score ridicule : il a ravi la troisième place à Ségolène Royal avec 17 %. Les sondages prédisaient 7 millions de votants, il y en eut seulement 2,7 millions, même pas la moitié.
Les exemples du passé et le récent Brexit
J'ai choisi de mauvais exemples ? OK d'autres alors. En 2006, les sondages donnaient Ségolène Royal présidente ; cinq mois plus tard, c'est Nicolas Sarkozy qui est entré à l’Élysée. En 1995, les instituts annonçaient Edouard Balladur vainqueur de la présidentielle : il n'a même pas passé le premier tour. Lionel Jospin aurait dû gagner celle de 2002 : lui non plus n’était pas au second tour.
Au référendum européen de 2005, les sondages donnaient le oui large vainqueur ; les Français ont voté non. En Angleterre, le Brexit l’a emporté contre tous les pronostics, au point que ses défenseurs, n’ayant pas anticipé leur propre victoire, se sont fait porter pâle. Revenons en France : aux dernières Régionales, les sondages prédisaient plusieurs régions pour le Front National ; au final il n’y en eut aucune.
Des raisons à ces erreurs d'appréciation
Bref : pourquoi les sondages se trompent-t-il à ce point, alors que les outils des sondeurs ne cessent de s’affiner. À cela trois raisons : la première, typiquement française, est qu'il est interdit de publier des sondages dans les deux dernières semaines qui précèdent le vote. Or, l'opinion est volatile : elle change souvent d'avis au dernier moment. Donc même si les sondages disent vrai, ils doivent rester secrets.
Les autres explications sont universelles. On sait qu’un sondage trop favorable démobilise. Et oui, plus la peine de se déplacer pour voter si on est certain de l’emporter.
Des votes dits "contrariants"
Mais surtout, en étudiant les dynamiques d’opinion, les statisticiens ont mis en évidence des comportements individuels dits "contrariants". Certains citoyens fondent leur vote non pas sur leurs convictions, mais sur l’opposition au choix majoritaire. En clair : ils votent pour le candidat donné perdant par les sondages. Comme pour compenser. David contre Goliath. Ces comportements contrariants sont de plus en plus courants au fil des années. Et comme une élection se joue à quelques points d’écart, cela fait souvent basculer le résultat prévu.
On verra bien mardi.
Jusqu’à preuve du contraire…
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