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Les Pourquoi. Pourquoi c'est toujours la file d'à-côté qui avance plus vite ?

Le sentiment agaçant de toujours choisir la mauvaise file est-il réel ou subjectif ?

Article rédigé par franceinfo, Philippe Vandel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Là où, inmanquablement, on se dit qu'on a encore choisi la mauvaise file... (GETTY IMAGES)

Vous l'avez remarqué, au supermarché ou dans un embouteillage, vous êtes toujours dans la file qui est à l'arrêt ! Moi, en tout cas, je choisis toujours la mauvaise file. Et au péage : pourquoi est-ce toujours devant moi qu'il y a une Carte Bleue qui bloque ? Deux chercheurs canadiens se sont penchés sur la question (Donald Redelmeier de l'Université de Toronto et Robert Tibshiran de l'Université de Stanford). Ils sont spécialistes de médecine, mais ils ont également interrogé les mathématiques. La question est de savoir s'il y a un fondement psychologique ou une observation réelle, à ce sentiment très partagé d'être coincé dans la mauvaise file d'attente. 

L'illusion de la malchance

Les scientifiques ont monté une expérience imparable. Ils ont filmé un embouteillage depuis l'intérieur d'une voiture, au milieu de plusieurs files : certaines qui avancent, et d'autres pas. Puis ils ont sélectionné un passage du film dans lequel leur voiture se trouve dans la file qui avance (pas vite, mais elle avance). Ensuite, ils ont montré cette séquence à un panel de 120 conducteurs, en leur demandant de s'imaginer au volant. Le résultat va à l'encontre du bon sens : 70% des sujets ont considérés se trouver dans la mauvaise file, tandis que 65% ont déclaré que s'ils avaient été au volant, ils auraient changé de file (Je ne vous dis pas s'ils avaient filmé quand leur voiture était arrêtée !).


L'explication est là : les chercheurs ont objectivement constaté une illusion de malchance. Ils ont ensuite cherché à comprendre d'où venait cette méprise. 
La première explication tombe sous le sens : la mémoire est sélective ; elle enregistre d'abord les événements négatifs, qui sortent de l'ordinaire. Une autoroute, c'est fait pour avancer, pas pour freiner.

La perception du temps est élastique

Il y a plus intéressant. Les deux chercheurs ont corrélé la mémorisation aux conditions d'observation. Lorsque l'on se trouve dans une voiture à l'arrêt dans une file bloquée, on voit passer devant soi les voitures des files voisines. On a donc largement le temps de les observer. Inversement, quand on double une file à l'arrêt, notre attention se concentre sur la conduite, ce qui limite l'attention consacrée aux autres -qui, eux, n'avancent pas-. En outre, quand on double une file à l'arrêt, les voitures sont collées les unes aux autres, d'où une durée de dépassement très courte. 

Résumons-nous : lorsqu'on double, le temps paraît rapide, alors que lorsque l'on est doublé, le temps semble ralentir. Comme disait Calimero : "C'est vraiment trop injuste". 
Jusqu'à preuve du contraire.

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