"Pognon de dingue" : "C'est un piège de communication redoutable qui a très bien marché"
Les invités des "Informés de franceinfo" sont notamment revenus, mercredi 13 juin 2018, sur la phrase d'Emmanuel Macron qui estime qu'on dépense "un pognon de dingue dans les minima sociaux" sans pour autant endiguer la pauvreté.
Avant son discours pour définir le cadre de sa politique sociale, mercredi 13 juin devant le 42e congrès de la Mutualité française à Montpellier, Emmanuel Macron a créé la polémique. Mardi, sa conseillère en communication Sibeth Ndiaye a posté sur Twitter une vidéo où le président peaufine son discours, et expose sa vision du système social français. Dans un langage familier, Emmanuel Macron regrette qu'"on met(te) un pognon de dingue dans les minima sociaux" et que "les gens pauvres restent pauvres". Erreur ou coup de communication ? Les invités des "Informés de franceinfo" ont débattu sur le sujet mercredi 13 juin 2018.
L'extrait
franceinfo : Cette phrase d'Emmanuel Macron, pour vous il y a un mépris ? Est-ce que cette phrase est choquante ?
Jean-Sébastien Ferjou : Elle s'inscrit dans les déclarations précédentes d'Emmanuel Macron, oui, qui a une forme de condescendance ou de mépris quand il parle des français qui ne sont pas comme lui. Maintenant, je pense que ce n'est pas l'intérêt de la phrase. Je pense qu'elle est très efficace. C'est un piège de communication redoutable et d'ailleurs qui a très bien marché. Parce qu'est-ce qu'il fait en faisant ça ? Il fait que vous avez toute son opposition qui monte au créneau, des Républicains, jusqu'à la France insoumise en passant par Martine Aubry qui sort de son silence pour nous faire un statut Facebook de 40 km. Et tous sont attirés sur la forme. Ils les larguent complètement sur le fond parce qu'on a des français, tous les sondages le montrent, qui pensent qu'Emmanuel Macron mène une politique qui est injuste mais ils pensent aussi que tous ses prédécesseurs n'ont jamais fait mieux que lui, et ils pensent aussi que toutes les alternatives possibles ne sont pas capables de proposer quelque chose qui serait plus efficace. De ce point de vue-là, c'est fantastique. Il les attire sur la forme, ils se noient dans la forme. On entend que des gens qui râlent et qui dissertent sur des débats qu'on a déjà eu 1000 fois, sur le fait qu'il est méprisant, condescendant et il n'y a pas une proposition alternative.
Les invités
Eric Mettout, directeur adjoint de la rédaction de L'Express
Audrey Goutard, chef adjointe du service Enquêtes/Reportages de France Télévisions, présentatrice de L'instant T sur franceinfo
Jean-Sébastien Ferjou, fondateur et directeur de la publication d'atlantico.fr
Isabelle Veyrat-Masson, directrice de recherche au CNRS, spécialiste de communication médiatique
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