Les Informés. Réforme de l'audiovisuel public : "c'est flou parce que le gouvernement s'est rendu compte que c'est un dossier hautement politique"
Les invitĂ©s des "InformĂ©s de franceinfo" sont notamment revenus lundi 4 juin sur les pistes de la ministre de la Culture pour rĂ©former de l'audiovisuel public et sur la plainte dĂ©posĂ©e contre le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'ElysĂ©e, Alexis Kohler, pour prise illĂ©gale dâintĂ©rĂȘt.
Renforcement des programmes régionaux, rapprochement entre France Bleu et France 3, ou encore basculement de France 4 en numérique. La ministre de la Culture, Françoise Nyssen a présenté lundi 4 juin ses premiÚres pistes pour réformer l'audiovisuel public. En revanche, elle n'a pas abordé la question du financement, cela devrait intervenir dans un deuxiÚme volet de réformes en 2019.
L'extrait 1
franceinfo : On a l'impression, quand on regarde depuis un an toutes les réformes faites par ce gouvernement, de nouveau quand on y est confronté, on se dit en effet c'est flou.
Christine Kelly : Oui c'est flou parce que je pense que le gouvernement s'est rendu compte que finalement, le dossier de l'audiovisuel public est un dossier hautement politique. PremiÚrement, on se dit qu'on dépense trop et qu'il faut faire des économies. En tant qu'ancien membre du CSA, on est trÚs conscient qu'il faut faire des économies et effectivement dans l'audiovisuel public, c'est clair. AprÚs, comment on va faire ces économies ? Quels sont les moyens qu'on va mettre en oeuvre pour faire des économies ? Il y a eu toutes sortes de missions, au cabinet de Françoise Nyssen, avec Olivier Courson à Matignon, avec Gabriel Attal, avec Aurore Bergé, justement pour avancer sur l'audiovisuel public. C'est vrai qu'aujourd'hui, on voit quelques réformes mais pas au niveau économique. On parle du cÎté politique pour faire passer ensuite la réforme au niveau économique. Ce qui a été annoncé, c'est effectivement la suppression de France 4. On va sur le net, on va chercher des jeunes mais on se rend compte qu'on va encore créer un certain comité pour pouvoir prendre le temps. C'est encore reporté à 2019 parce que ça prend du temps et c'est un dossier "touchy".
L'extrait 2
Le parquet national financier a annoncĂ© lundi 4 juin dans un communiquĂ© l'ouverture d'une enquĂȘte, aprĂšs la plainte dĂ©posĂ©e par l'association Anticor contre le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'ElysĂ©e Alexis Kohler pour prise illĂ©gale dâintĂ©rĂȘt et trafic dâinfluence. "Le procureur de la RĂ©publique financier a diligentĂ© des investigations afin de vĂ©rifier si les rĂšgles relatives Ă la mise en disponibilitĂ© des agents publics ont bien Ă©tĂ© respectĂ©es", prĂ©cise le PNF, "Ă la suite de la publication de plusieurs articles de presse faisant Ă©tat des conditions et circonstances dans lesquelles Monsieur Alexis Kohler a exercĂ© des fonctions publiques Ă lâAgence des participations de lâEtat et au cabinet du ministre de lâĂ©conomie et des finances Ă lâoccasion desquelles il aurait pu traiter des dossiers intĂ©ressant la Mediterranean Shipping Company, avant dâobtenir un emploi comme directeur financier au sein de cette derniĂšre".
franceinfo : l'ElysĂ©e a dĂ©noncĂ© "des soupçons infondĂ©s" mais est-ce que ça entretien toujours des soupçons sur les conflits d'intĂ©rĂȘts entre le monde politique et le monde de l'entreprise ?Â
Pouria Amirshahi : Je trouve ça trĂšs sain que dans une dĂ©mocratie et la justice et la presse fasse leur travail. Ce qui est reprochĂ© trĂšs concrĂštement, c'est quelqu'un, Alexis Kohler, qui a Ă©tĂ© Ă Bercy directement en poste et qui Ă©tait prĂ©sent dans une rĂ©union en fĂ©vrier 2012. C'est ce que disent les Ă©lĂ©ments de l'enquĂȘte journalistique. Et il aurait dans ce cadre-lĂ , participĂ©, reprĂ©sentant l'Etat au sein de cette sociĂ©tĂ©, Ă une dĂ©libĂ©ration qui autorise la vente d'un paquebot Ă la sociĂ©tĂ© Ă laquelle il appartenait par ailleurs. Il se trouve que des annĂ©es plus tard, il change de casquette et il se retrouve cette fois-ci dans une dĂ©lĂ©gation d'armateurs, donc reprĂ©sentant la sociĂ©tĂ©, Ă Bercy, pour venir dĂ©fendre les intĂ©rĂȘts de cette mĂȘme sociĂ©tĂ©. Manifestement la qualification de conflit d'intĂ©rĂȘts, Ă minima, est fondĂ©e. En tout cas, on peut en discuter. Je trouve que c'est tout Ă fait sain que des associations comme Anticor veillent de prĂšs au comportement, Ă l'Ă©thique et Ă la probitĂ© des Ă©lus ou des gens qui ont une parcelle de pouvoir politique entre les mains. C'est tout Ă fait normal.
Les invités
- Pouria Amirshahi, ancien député PS frondeur, directeur de la rédaction de Politis
- Stéphane Vernay, directeur de la rédaction parisienne de Ouest-France
- Christine Kelly, journaliste, Ă©crivain et ancienne membre du CSA
-Â Robin Rivaton, Ă©conomiste et essayiste, membre du conseil scientifique de la Fondapol
- François dâOrcival, Ă©ditorialiste Ă Valeurs Actuelles
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