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Les informés. Patrimoine : "Il faut être logique : on ne peut pas dire à la fois il faut protéger et puis construire en dépensant de l’argent pour détruire par ailleurs"

Les informés de franceinfo sont revenus samedi 1er septembre sur le signal d'alarme tiré par Stéphane Bern qui affirme qu'il quittera sa mission de chargé du patrimoine s'il n'est qu'un "cache-misère".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Hervé Kempf, rédacteur en chef de Reporterre. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

L'animateur télé, Stéphane Bern, a menacé samedi 1er septembre de jeter l'éponge quant à la mission sur le patrimoine que lui a confiée Emmanuel Macron. Il a l'impression de ne pas être assez soutenu par le gouvernement.

"J'entends qu'on est prêt à mobiliser 450 millions d'euros pour rénover le Grand Palais à Paris. Et pendant ce temps, on me laisse me décarcasser pour trouver 20 millions d'euros pour le patrimoine vernaculaire des petits villages", regrette l'animateur, à deux jours du loto du patrimoine.

Hervé Kempf, rédacteur en chef de Reporterre, surenchérit : "On devrait arrêter de détruire en faisant ces autoroutes qui ne sont pas fondamentalement utiles, qui ont un impact écologique extrêmement grand et réaffecter autrement l’argent publique, et l’argent privé éventuellement, pour entretenir ce patrimoine".

L'extrait

franceinfo : comment interprétez-vous cette menace de Stéphane Bern et le manque de moyens prévisibles ?

Hervé Kempf : Stéphane Bern joue un peu le buzz puisque le loto est lancé lundi 3 septembre. C’est un bon communicant donc il choisit son moment pour lancer une alerte. Mais sur le fond, pour ce qu’on comprend, c’est qu’il y aurait un manque de fonds. Il y a déjà un problème c’est qu’on se dit on va financer une mission absolument essentielle par le loto alors que ça devrait être une mission de l’État, quelque chose de pris collectivement en charge. Si on élargit le sujet au-delà des patrimoines tout à fait importants que défend Stéphane Bern, les églises mais aussi des usines parfois, des bâtiments, des châteaux, des manoirs et des maisons tout à fait intéressantes, si on élargit dans le contexte de ce qui s’est passé cet été avec l’effondrement du pont de Gênes, où on s’est rendu compte qu’il y avait tout un patrimoine, qui est peut-être moins important, d’infrastructures absolument fragiles qui doivent être restaurées, là, ce sont des sommes encore plus importantes que les centaines de millions qu’on a cités. Et dans le même temps, on est dans une situation où par exemple l’État vient de donner son feu vert pour un projet de contournement autoroutier à côté de Strasbourg qui va avoir un effet environnemental extrêment important, qui va coûter de l’argent. Il donne également son feu vert à un projet d’Europa City à côté de la Ville de Paris qui va manger des dizaines d’hectares de terrains agricoles.

Ce n’est pas de l’engagement, c’est un constat. Il faut être logique : on ne peut pas à la fois dire il faut protéger et puis construire des choses en dépensant de l’argent pour détruire par ailleurs. Donc on devrait arrêter de détruire en faisant ces autoroutes qui ne sont pas fondamentalement utiles, qui ont un impact écologique extrêmement grand et réaffecter autrement l’argent publique et l’argent privé éventuellement pour entretenir ce patrimoine qui, soit dans le coin artistique soit en terme de routes et de pont, est totalement essentiel à la vie quotidienne.

Les invités

Philippe Bilger, président de l'Institut de la parole

Hervé Kempf, rédacteur en chef de Reporterre

Ludovic Delory, rédacteur en chef de Contrepoints

Luc Laventure, président, directeur de la stratégie et de la communication Outremers360

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