Les informés. "Le seul créneau qui reste à Laurent Wauquiez, c'est une droite affirmée, décomplexée"
Les invités des "Informés de franceinfo" sont notamment revenus mardi 5 juin sur la tribune co-signée par Laurent Wauquiez, le président des Républicains, intitulée "soit l'Europe protègera, soit elle disparaîtra".
Le président des Républicains, Laurent Wauquiez, a publié mardi 5 juin une tribune dans le Figaro, avec Bruno Retailleau, Christian Jacob et Frank Proust, sur l'idée qu'il se fait de l'Europe. Les termes employés sont assez durs, notamment sur l'identité européenne. Laurent Wauquiez veut "protéger la civilisation européenne". Il dénonce une Europe "laboratoire d'une mondialisation déracinée et apatride", à laquelle il oppose une Europe "fière" de ses "racines gréco-romaines et judéo-chrétiennes". Cette tribune intervient après un tract qui a fait polémique au sein des Républicains, intitulé "Pour que la France reste la France".
L'extrait
franceinfo : C'est un discours qu'on n'avait pas l'habitude de voir aussi profond chez Les Républicains. Est-ce qu'il y a un risque de perdre les modérés ?
Albert Zennou : Laurent Wauquiez a compris une chose, c'est ce que de la France n'a jamais été aussi à droite qu'elle l'est aujourd'hui. Même avec l'élection d'Emmanuel Macron, on pourrait même dire, surtout avec l'élection d'Emmanuel Macron. Toute la partie de la droite centriste, la droite modérée on va dire, la droite juppéiste, est partie chez Macron ou est en voie de le faire. Le seul créneau qui reste à Laurent Wauquiez, c'est une droite affirmée, décomplexée. L'opération d'Emmanuel Macron qui a visé, après son élection, à se déporter sur sa droite, après avoir élu par le centre gauche, fait que c'est le seul créneau qui lui reste. Et puis, il y a une aspiration forte des français à défendre un modèle, à défendre une identitée. C'est souvent galvaudé et moqué mais il y a une vraie volonté de défendre l'identité.
Jad Zahab : Je suis totalement en opposition avec ce qui vient d'être dit. Regardez les résultats de l'élection présidentielle, le second tour était un référendum pour ou contre l'Europe. Le résultat du second tour était forcément beaucoup plus important pour Emmanuel Macron parce qu'il y a eu un vote de rejet face à Marine Le Pen mais malgré tout, ce second tour était en fait un référendum pour ou contre l'Europe. Qu'est-ce qu'on veut pour l'Europe et qu'est-ce qu'on veut pour la France dans cette Europe ? Donc effectivement, l'Europe est imparfaite et je crois que là-dessus, Laurent Wauquiez le sait. Il y a contribué, en plus il était secrétaire d'Etat en charge des affaires européennes, et il a fait partie du gouvernement qui est revenu sur le vote de 2005, en faisant passer le référendum via le congrès. Il est conscient de cela, sa réponse me semble très opportuniste parce que justement le créneau qui lui reste est un créneau qui en fait, le contraint à aller dans cet angle de la défense de la civilisation face à cette vague migratoire. Rappelons que la France a accueillie à peu près 20 000 syriens, 20 000 migrants au titre du droit d'asile. 20 000 sur à peu près 36 000 communes, on est très loin d'une vague. Donc quand le tract dit "Pour que la France reste la France", honnêtement je ne crois pas que ce soit moins d'un demandeur d'asile par commune qui va changer la France. Que Laurent Wauquiez se rassure.
Les invités
- Aurélie Trouvé, porte-parole et membre du Conseil d’administration d’Attac France
- Jad Zahab, essayiste et président du Parlement des étudiants
- Albert Zennou, rédacteur en chef du service politique au Figaro
- Christophe Alix, journaliste à Libération
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