"Une année difficile" : vive les crises

Les sorties cinéma de la semaine avec Thierry Fiorile et Matteu Maestracci : "Une année difficile" d'Olivier Nakache et Eric Toledano, et "Killers of the Flower Moon" de Martin Scorses.
Article rédigé par Thierry Fiorile, Matteu Maestracci
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 157 min
Jonathan Cohen, Pio Marmaï et Noémie Merlant dans "Une année difficile". (CAROLE BETHUEL/ GAUMONT)

Comme dans chacun de leur film, le duo Toledano/Nakache s'empare d'une thématique sociale, et même de deux ici : le surendettement et les nouveaux activistes écolos.

Le film nous présente un trio : Albert, joué par Pio Marmaï, grande gueule, un peu escroc sur les bords, bagagiste à Roissy, et lui-même criblé de dettes et de crédits, qui rencontre Bruno, Jonathan Cohen, dans une situation personnelle et financière encore pire que la sienne. Troisième protagoniste, Valentine alias Noémie Merlant, jeune militante écolo, dans une association qui prône des actions symboliques et spectaculaires, comme le blocage des routes ou des grandes surfaces, au moment du "Black Friday". Un trio qui va se rencontrer grâce aux apéros gratuits qu'organisent les militants. 

Même si on n'est pas cette fois à ce niveau de maîtrise absolue qu'on a pu voir dans Le Sens de la fête en 2017, ça fonctionne toujours très bien, on rit beaucoup, grâce aux dialogues et à l'écriture. Et même s'il y a quelques légères longueurs, les trois comédiens principaux font le job.

Mention spéciale à Jonathan Cohen, qu'on a certes beaucoup vu ces derniers mois, mais qui est en version déprimée ici, presque mutique, et aux seconds rôles comme Mathieu Amalric, en roue libre et assez irrésistible.

Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese

C'est le 27e film du maestro new-yorkais qui ouvre une page méconnue et peu glorieuse de l'histoire américaine. Dans les années 1920, en Oklahoma, la tribu amérindienne des Osage vit dans l'opulence, grâce au pétrole découvert dans sa réserve. Mais pour les blancs c'est une anomalie,

Robert De Niro incarne un éleveur, patriarche, qui se vante de protéger les Osage, alors qu'il fait tout pour les spolier, sa cupidité passe par des crimes de sang non résolus. Leonardo Di Caprio, son neveu fraîchement rentré de la guerre de 14-18, se met à son service, et épouse une autochtone, la formidable Lily Gladstone. Son oncle joue de sa bêtise crasse, mais l'histoire d'amour qu'il vit est sincère, ça dérape dans les grandes largeurs. Martin Scorsese passe par l'intime, et œuvre pour l'histoire avec un grand H.

Alors oui, c'est très long (3h26) mais c'est remarquablement documenté, tourné chez, et avec les Osage, qui ont validé le film, il y a une foule de personnages fascinants, on assiste à la naissance du FBI, le souffle romanesque et politique est là. La scène finale, une pièce radiophonique avec Scorsese en guest-star est dingue, et Lily Gladstone, révélée chez Kelly Reichardt dans Certaines femmes en 2016, est bouleversante.

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