"Le Ravissement" d'Iris Kaltenbäck : la comédienne Hafsia Herzi en majesté

Les sorties cinéma de la semaine avec Thierry Fiorile et Matteu Maestracci : "Le Ravissement" d'Iris Kaltenbäck et "La Fiancée du poète" de Yolande Moreau.
Article rédigé par Thierry Fiorile, Matteu Maestracci
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 128 min
"Le Ravissement" d'Iris Kaltenbäck. (MACT PRODUCTIONS)

Dans Le Ravissement d'Iris Kaltenbäck, Lydia, une sage-femme – à qui l'excellente Hafsia Herzi prête ses traits – se fait quitter sans ménagement par son petit ami, et se met à errer dans Paris, la nuit, entre deux gardes à la maternité. Elle se confie à sa meilleure amie Salomé, qui va elle-même bientôt accoucher. Quand ce bébé arrive, Lydia s'en occupe beaucoup, jusqu'à l'accaparer. Quand Milos, un chauffeur de bus rencontré la nuit, pense que cet enfant est le sien, elle bascule et affirme que oui.

C'est justement cette thématique du mensonge qui a notamment séduit la réalisatrice, Iris Kaltenbäck. Inspiré d'un véritable fait divers, Le Ravissement est un très beau film, très élégant, très digne, et difficile en même temps. Le film ne juge pas ses personnages, il s'appuie beaucoup sur la suggestion, les non-dits. Beaucoup d'éléments sur la précarité, les rapports de classe, sont évoqués finement, sans être assénés, sans oublier évidemment le rapport à la maternité, au centre du film, avec des scènes d'accouchement presque documentaires.

Il faut véritablement tirer un coup de chapeau à Hafsia Herzi, encore meilleure que d'habitude, impressionnante même, et aux deux autres comédiens du trio, Alexis Manenti et Nina Meurisse, très justes, eux aussi.

La Fiancée du poète de Yolande Moreau

Yolande Moreau signe son troisième film derrière la caméra, et incarne, devant l'objectif, Mireille, qui après une longue absence, retourne – une main devant, une main derrière – dans son village, près de Charleville-Mézières. Elle est cantinière à l'école des Beaux-Arts, occupe la maison familiale en piteux état, et décide de sous-louer des chambres pour arrondir ses fins de mois, tout en faisant quelques menus trafics.

Autour d'elle, en figure maternelle, s'agrège une jolie bande de bras cassés, un jardinier qui se déguise en femme la nuit venue, Grégory Gadebois, un sans-papier turc, le toujours drôle Esteban, et un étudiant des beaux-arts faussaire, la découverte, Thomas Guy.

Il y a de la poésie, de l'humour dans ce film, et de l'amour, avec le retour de celui qui a brisé le cœur de Mireille jeune, Sergi Lopez. C'est du Yolande Moreau, de la mélancolie, mais avec une utopie concrète, qui redonne de l'espoir à cette bande sympathique, on sent le film de copains, ça ne peut pas faire de mal...

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